« Nous pouvons nous nourrir nous-mêmes »
Depuis avril, Rodolphe Gozegba, ancien étudiant en théologie à Strasbourg, tente de convertir les habitants de la capitale de son pays, la Centrafrique, aux jardins potagers.
À quelle problématique répond votre projet d’agriculture urbaine à Bangui ?
- La Centrafrique est un pays enclavé. La plupart des produits que nous consommons à Bangui viennent du Cameroun et du Tchad. Le nord du pays dépend aujourd’hui de l’aide humanitaire. Le Sud pratique encore une agriculture vivrière. Il n’y a pas de moyens pour une agriculture industrielle. Donc il faut se donner d’autres moyens. D’où le projet d’encourager les jardins potagers en ville. Nous pouvons nous nourrir nous-mêmes.
Quelles actions menez-vous sur le terrain ?
- Notre association, A9, visite tous les quartiers de Bangui et ses deux communes limitrophes, avec la collaboration des chefs de quartiers, qui sont les premières autorités publiques. Nous identifions avec eux les foyers intéressés les plus pauvres et leur distribuons des kits de culture. Nos trois techniciens agronomes accompagnent les bénéficiaires. À ce jour, 270 foyers ont intégré notre programme, ce qui représente environ 3 000 personnes. Au bout de trois mois, ils cuisinent déjà leurs récoltes et certains la partagent même avec le reste de leur famille. À terme, nous espérons que les gens pourront vendre leurs surplus sur des marchés.
Comment cette initiative rejoint-elle vos convictions chrétiennes ?
- J’ai débuté ma réflexion en France, alors que je préparais ma thèse sur le théologien allemand Jürgen Moltmann. Sa notion de libération sociale m’a interpellé.
J’ai voulu impliquer les leaders religieux dans le lancement de l’association. Ils ont une responsabilité immédiate dans cette affaire. Les gens viennent affamés au culte et en repartent le ventre vide. Les prédications doivent en tenir compte.