La foi, comment, pourquoi ?
Ces questions le travaillent, aujourd’hui encore, depuis son catéchisme. Comment dire sa foi ? Une certitude l’accompagne : l’amour de Dieu nous délivre de la crainte de ne pas être dignes d’être ses témoins.
Dans mes souvenirs de catéchisme reste imprimée une image : c’était un cours de catéchisme ordinaire, nous étions trois adolescents et ce pasteur nous délivrait ses connaissances et sa foi. Ce cours de « théologie pour les nuls » était illustré sur le tableau, je garde en moi ce schéma simple : un triangle comme pour une trilogie, ce triangle représentait l’eau, la parole et la foi. Le pasteur nous dit alors : « La foi ne fait pas le baptême, elle le reçoit ».
J’ai toujours ce petit papier et ce dessin dans ma Bible. Je ne suis pas encore certain d’avoir compris ce message. Je m’étais dit que la Bible renfermait beaucoup de secrets qu’il serait intéressant d’approfondir. Les années ont passé et cette veilleuse est restée allumée en moi. Je ne l’ai réveillée que récemment. La possibilité de suivre des cours d’introduction à la théologie a ravivé la flamme. Cet outil pour comprendre la Bible et la parole de Dieu est une clef indispensable pour moi. Par la suite, l’envie de communiquer, d’expliquer, de construire un pont entre la Bible et la vie des gens d’aujourd’hui s’est imposée clairement.
Cependant il faut passer le cap, surmonter les peurs, les angoisses. Parler devant un auditoire n’est pas vraiment un obstacle : ma vie professionnelle m’y a habitué. Je sais argumenter des certitudes scientifiques, mais dans la prédication, je n’ai pas de certitude. Il faut chercher au fond de soi-même, s’imprégner de cette parole, la ressentir. Est-il alors vraiment possible de construire ce pont pour permettre aux auditeurs de traverser ce fossé entre leur vie, leur monde et celui de la Bible ? Comment ne pas déraper et laisser trop de place à une interprétation personnelle ? Rester dans notre monde actuel, l’analyser, provoquer une réaction, mais pas trop. Même si le protestantisme est une religion en perpétuel remaniement, l’auditoire est souvent conservateur. Il faut pouvoir garder la confiance de la communauté tout en la réveillant un peu.
Je viens d’écrire une prédication dont je suis satisfait, mais aura-t-elle un écho ? Sera-t-elle bien reçue ? Si c’est le cas serais-je capable de recommencer ? Comment éviter de tomber dans les pièges : ne pas permettre de faire l’expérience de la vie devant Dieu, de dévier, d’intellectualiser, de sombrer dans le monologue ? Prêcher n’est pas si simple. Surtout je suis loin de vivre dans la norme des dix commandements, comment les paroissiens vont-ils m’accepter en tant que prédicateur ?
Beaucoup de questions, je reste en quête de réponses et j’espère les approcher. Je ne suis pas exemplaire, mais je peux m’améliorer. Je n’ai qu’une seule certitude : l’amour peut nous faire réaliser de belles choses.