Élian Cuvillier : Le ministère pastoral, un service de l’écoute
L’EPUdF, à l’image de la société, est en profonde mutation. Une mutation dont on ne mesure pas toutes les conséquences. Ceci influe évidemment sur le profil des futurs pasteurs.
Deux points peuvent ici être soulignés : l’âge moyen de l’entrée en ministère recule puisque les étudiants en théologie qui se préparent au ministère pastoral ont déjà, dans leur grande majorité, une carrière derrière eux. Ensuite la féminisation de plus en plus importante du corps pastoral. Deux phénomènes qui correspondent aux évolutions de la société.
Du coup, l’image pastorale évolue également. Par exemple on accepte, beaucoup plus facilement qu’avant, le fait que le ministre a une vie privée, tout aussi complexe que celle de ses paroissiens ! Par ailleurs, on n’attend plus tout de lui.
C’est quoi, un pasteur ?
Pourtant, quelque chose demeure dans l’imaginaire de ceux qui sollicitent un pasteur : il représente ce que j’appelle la dimension « verticale » de l’existence, c’est-à-dire quelque chose qui a à voir avec ce que l’on nomme Dieu, quoi que l’on mette derrière ce terme. Celui qui sollicite un pasteur sait qu’il va traiter des grandes questions de sa vie : naissance, amour, haine, maladie, solitude, vieillesse, mort, etc. Être pasteur, c’est se mettre à l’écoute de cela. Or, cette écoute relève d’une double dimension.
D’abord l’écoute de ce qui permet au pasteur de s’enraciner en profondeur :
- L’écoute des Écritures et de la tradition théologique qui les transmet. Travailler seul et avec d’autres cette richesse souvent insoupçonnée pour éclairer l’existence des femmes et des hommes d’aujourd’hui.
- L’écoute de la culture et du savoir philosophique, scientifique ou littéraire. Prendre le temps de la lecture, de la réflexion et de la formation qui font partie intégrante du ministère pastoral.
- L’écoute de ce qui en soi nécessite d’être entendu. Pouvoir reposer en un lieu particulier ce qui pèse dans le ministère et dans sa propre existence. Ne pas négliger la vie intérieure, ce que la tradition monastique ne cesse de nous rappeler.
Écouter autour de lui
Ensuite, bien sûr, l’écoute des autres. Le ministre n’est pas un animateur. Il est… un pasteur ! C’est-à-dire un théologien à l’écoute de ses paroissiens et du monde. Écouter ce qui, dans les visites, les actes pastoraux, avec les jeunes et les moins jeunes, se dit derrière les mots et les gestes. Écouter aussi le monde qui nous entoure. Sans céder à l’activisme qui toujours guette.
C’est de ce lieu de l’écoute que le pasteur peut s’autoriser d’une parole vraie. Une parole enracinée dans les Écritures, fondée dans une spiritualité et assise sur un travail théologique de fond. Une parole qui n’est pas la sienne mais qui lui vient d’un Autre.
Ce qui précède signifie que les pasteurs prennent le temps et donc qu’on le leur donne ! Ils y gagneront en qualité de vie et les paroisses en qualité de service, au bénéfice de ministres paisibles parce qu’ayant le temps nécessaire à cette écoute qui est au cœur de leur vocation.
- Pour éviter la lourdeur du propos, j’ai choisi de garder le masculin, étant entendu que ce terme générique englobe hommes et femmes… et plus encore !
Série "A la rencontre des enseignants de nos facultés de théologie" : En plus de la transmission aux étudiants, ils travaillent à de nouvelles recherches théologiques.
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Institut Protestant de Théologie : https://ipt-edu.fr/