Discernement
Le thème synodal de l’EPUdF 2020-2021 sera relatif à la question des ministères dans notre Église. Une réflexion que nous portons par une série autour de mots-clés liés à cette réalité centrale. Ce mois-ci, nous abordons le « discernement ».
Certains considèrent que le protestantisme français est largement démocratique dans son mode de gouvernance. Cette assertion est assez juste au regard d’autres modes de fonctionnement ecclésial, plus verticaux ou pyramidaux?: au niveau des communautés locales ou aux échelons synodaux, des assemblées représentatives se rassemblent pour élire des délégués ou les membres d’un conseil. Au niveau des associations locales (associations cultuelles), les fidèles de l’Église qui ont marqué leur adhésion à cette association siègent au sein de l’assemblée générale annuelle et élisent les membres de l’organe exécutif local. Toutes les décisions, y compris d’ordre doctrinal, y sont votées.
L’élection, signe d’un discernement
Or, si la démocratie signifie que le peuple (ou les membres d’une association) exerce le pouvoir pour le peuple (ou pour l’association), au sein de l’Église, chacun est appelé à reconnaître que l’autorité est celle du Christ, que chacun est appelé à écouter. Par ailleurs, si chaque nomination à des responsabilités procède d’une élection et d’un vote, la plupart des élections sont organisées avec une seule liste complète de «?candidats?»?: on est plus dans le domaine de la ratification ou de la cooptation. Par conséquent, une élection est plutôt l’expression d’un discernement collégial et communautaire, le vote n’étant alors que l’une des étapes de ce discernement.
Un discernement collectif
Au niveau de l’Église locale, c’est en particulier le conseil presbytéral qui a à faire preuve de ce discernement, collégialement?: pour la nomination d’un pasteur ou son évaluation régulière, pour l’appel des différentes personnes à l’exercice des différents ministères locaux (prédicateurs, catéchètes, etc.) ou pour son propre renouvellement, à l’approche des assemblées générales électives. Mais comment exercer ce discernement?? Si la question des compétences des personnes appelées est bien évidemment cruciale, elle n’est pas in fine décisive, dès lors qu’elle peut s’articuler avec des propositions de formation adaptées à l’exercice de tel ou tel ministère. Ainsi, un conseil presbytéral n’est pas contraint de trouver un expert-comptable pour remplir le ministère de trésorier de l’association cultuelle, et un enseignant n’est pas réduit à être catéchète pour les plus jeunes de la communauté.
Au service de tous
Bien plus, c’est sans doute la question du savoir-être qui peut être posée pour discerner telle ou telle personne dans un ministère. Rappelant que le ministère est bien avant tout un service pour la communauté et pour la Parole de Dieu, le candidat le plus « qualifié » n’est pas nécessairement celui qui conviendra le mieux dans la situation de la communauté. Dans son épître aux Romains (chapitre 12), Paul parlant de la communauté comme d’un corps vivant, dont les membres ont reçu des dons différents, évoque six critères qui peuvent aider à ce discernement?: l’attachement au bien, le service de Dieu, l’amour et le respect les uns des autres, le service joyeux et reconnaissant, l’humilité dans le service, et l’attention aux plus petits.