Un temps sabbatique pastoral pour mieux s’ancrer
Depuis plusieurs années maintenant, les ministres de notre Église peuvent bénéficier d'un temps sabbatique de plusieurs mois leur permettant de se ressourcer, de découvrir, d'approfondir des thèmes... Retour sur l'expérience de Joël Geiser en Israël.
Aller en Israël ! Parcourir les routes qu’a foulé Jésus, voir ce qui demeure de son cadre de vie, l’imaginer là exerçant son ministère ? Jusqu’alors cela ne m’était pas apparu nécessaire, évident. Peu féru de pèlerinage et de mystique comme nombre de protestants, la curiosité et un certain romantisme nourri des Ecritures pouvaient être un moteur. Mon intérêt pour l’actualité aura sans doute aussi joué, bien que la situation politique -inextricable et violente- en rebute beaucoup.
Quel Israël visiter ?
Peut-on visiter Israël/Palestine sans choisir son camp ? Faut-il œuvrer à la paix, se limiter à l’histoire antique, privilégier la dimension de foi ? Car voyager en Israël : définir son prestataire, ses guides, son parcours, ses rencontres, c’est déjà choisir ! Les nombreux groupes étrangers croisés au détour d’un site illustrent -jusqu’à la caricature- ces multiples visions du pays qui se mêlent et s’affrontent.
La grâce offerte d’un temps sabbatique, m’a convaincu de saisir l’occasion. L’offre culturelle du Musée de Grenoble m’a sauvé d’un voyage trop pieu ou engagé. La guide, ancienne diplômée de l’école biblique et archéologique de Jérusalem, a su me séduire par ses connaissances scientifiques et son esprit critique, me laissant du temps pour goûter les lieux et pour réfléchir.
Un pays de contrastes
Ce qui m’a marqué, loin de la concurrence confessionnelle exacerbée et de l’écart historique avec les récits bibliques, ce sont les contrastes si forts réunis en un si petit territoire : entre passé et présent, tradition et modernité, religion et politique ! L’œuvre architecturale qui accueille les Manuscrits de la mer morte illustre bien la dialectique essénienne, faite de combat entre lumière et ténèbres. Il est si tentant de l’actualiser… guerre de l’eau, mur de séparation, promiscuité, accentuation des extrêmes.
Le trouble nécessaire d’une incarnation
Mais venir en ces lieux m’a surtout fait éprouver la concrétude de ma foi trop spirituelle. Ce pays de poussière et de sang m’oblige à constater les signes visibles -quoique ambigus- d’un Dieu qui s’est incarné. Cette terre n’est pas devenue sainte ni centrale pour moi. Elle me parle d’un Dieu devenu homme, révélé dans une langue, une géographie, une culture particulière, et m’appelant à une foi qui s’incarne et laisse des traces.