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CÉVENNES-LANGUEDOC-ROUSSILLON

Un cimetière peu commun

25 février 2022

Peu avant Noël, l’homme de ma combe passe le Rhône pour retrouver la Provence, région sensuelle faite d’ombres, de rondeurs et de senteurs capiteuses.

Il cherche, au nord d’Aix-en-Provence, sur la commune de Puyricard, « Le Chemin du seuil ». Il a rendez-vous au cimetière paysager « Le Grand Saint Jean ».

La route s’arrête à un portail qui s’ouvre sur une continuité sylvestre et ondulée. Notre homme vient assister à l’enterrement d’un ami. Un rassemblement humain essaie de s’effacer dans une sombre sobriété. Le claquement des portières des véhicules est absorbé par la puissante présence de la nature. Pas de cris, quelques sanglots vite réfrénés, un cortège se forme à la suite du corbillard et du groupe familial qui passent le portail.

Un kilomètre de zigzags sur un versant herbeux, hérissé de stèles aux inscriptions disparates. Dans ce lieu à la solennité champêtre, l’humour se manifeste sur un bois usé par le temps : « Élie belle la vie ! » Des fleurs artificielles initient au sentiment d’éternité. Il ne manque plus qu’un petit ruisseau à l’apaisant écoulement sans cesse renouvelé.

Ce jour-là, c’est un laïc qui préside l’ensevelissement. L’homme attend le groupe, armé d’une tablette et d’un ampli. Le « Canon de Pachelbel » unifie la furtivité des bruissements. Un rapide tour anonyme nous amène de « La Vallée des Larmes » à l’espérance de la vie éternelle.

Des frôlements de mains sur le cercueil, des silences, … chacun envoie une pensée à celui qui a quitté la vie la veille de Noël.

Le trou de la tombe est creusé dans une terre profonde et riche, signe de fertilité et d’espérance. Maternelle, la Provence accueille l’ami qui s’est éteint. Poussière de vie, poussière d’étoiles, cet événement confirme notre destinée humaine. Une relation avec l’imprévisible s’établit en chacun de nous.

Chacun retrouve son véhicule. Les uns rentrent chez eux, d’autres, proches du défunt, ont rendez-vous dans la maison de la veuve, autour d’une table dressée. Grenache et syrah vont délier les langues. La suavité d’une fougasse sucrée, à la fleur d’oranger, pousse les présents à l’extase et à l’oubli.

Le Tay des cimes

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