Un appel prophétique à l’œcuménisme
Invité par un large panel d’Églises chrétiennes de Lyon et environ, le pasteur pentecôtiste à l’initiative du Forum chrétien mondial est venu, le 3 décembre passé, évoquer son cheminement personnel et son engagement mondial en faveur de l’unité.
« Mel, je veux que tu parles de l’œcuménisme ! » C’est Jésus lui-même, debout devant son lit, qui interpellait notre orateur du jour, réveillé en pleine nuit. « Quoi seigneur ? répondit-il alors, Je ne connais rien de l’œcuménisme, je n’ai jamais eu de cours là-dessus ! ». En effet, tout professeur senior de théologie au Séminaire Fuller de Pasadena qu’il est, Mel Robeck n’en est pas moins pasteur, fils et petit-fils de pasteur pentecôtiste américain. Invité à évoquer son engagement au rapprochement des chrétiens comme ce soir du 3 décembre en la chapelle Saint-Irénée par les Églises de Lyon, c’est sous la forme d’un témoignage personnel et vivant qu’il le fait, comme une interpellation reçue directement du Seigneur.
« Je me suis rendormi, mais le Seigneur m’a réveillé à nouveau et m’a dit : “Mel, je veux que tu parles de l’œcuménisme” – Seigneur, est-ce que tu n’as jamais lu les règlements des Assemblées de Dieu ? Ils disent que nos pasteurs ne doivent participer à aucune manifestation œcuménique, ni frayer avec des gens qui ne croient pas en la Bible, pensent que tout le monde va être sauvé à la fin et ont remplacé l’évangélisation par la justice sociale. Je ne peux pas faire ça, sinon, je vais avoir des ennuis ! » Le jeune enseignant californien, qui se sentait depuis quelque temps appelé au ministère, mais sans savoir lequel, se rendort à nouveau. Une troisième fois, Jésus le réveille et prononce les mêmes paroles. « Là, dit-il, j’étais complètement réveillé. “OK Seigneur, je vais le faire, mais il faut que tu m’aides !” »
Témoignage du pentecôtisme
Ces propos, empruntant aux récits bibliques de vocation, peuvent nous faire sourire. Ils ont le grand mérite de nous plonger au cœur du pentecôtisme avec sa manière de vivre et d’exprimer la foi. Ils ont aussi, à l’évidence, une réelle vertu pédagogique, qualité que les étudiants ont d’emblée reconnue dans ce professeur d’histoire de l’Église. Ce sont sans doute ses qualités qui ont fait de lui un acteur majeur du dialogue œcuménique international, avec les catholiques comme au sein du Conseil œcuménique des Églises. Sans occuper de poste de direction dans sa propre Union d’Église, s’étonnant longtemps sur la nécessité d’échanger entre confessions, il apportera sa pierre à l’apaisement des tensions entre presbytériens et pentecôtistes coréens, ou conseillera la Fédération luthérienne mondiale à propos de ces luthériens éthiopiens « qui parlent en langue et sautent dans les assemblées ».
C’est surtout son action dans la création du Forum chrétien mondial, qui a poussé les pasteurs Daniel Thévenet et Angelo Pace à le faire venir à Lyon. Comment inviter évangéliques et pentecôtistes à la table œcuménique mondiale, sans paraître menaçant ou suffisant ? Impossible de proposer au débat un texte. « Les pentecôtistes se sentiront infériorisés. Ils ne connaissent pas assez la théologie, ni les autres Églises, ni même leur propre histoire ». C’est donc cette même méthode qu’il vient d’incarner ce soir, qui constituera la matrice des Forum chrétiens mondiaux puis régionaux : valoriser le témoignage, commencer par ce que les évangéliques et pentecôtistes connaissent et pratiquent : « raconte comment tu es venu à la foi et comment elle te nourrit ? »