Robin Sautter, président : un autre métier !
Voilà plus d’un an que le pasteur Robin Sautter est à la tête de Centre-Alpes-Rhône comme président du conseil régional. Nous l’avons interrogé sur les surprises et lourdeurs de ce ministère de gouvernance si particulier, sa perception des défis qu’affrontent nos Églises et les enjeux du tout prochain synode.
« Président de région, c’est un tout autre ministère ! Avec plein de choses à apprendre pour moi, principalement dans le management et le financier ». Dès le début de l’interview, le pasteur Robin Sautter ne cache pas les surprises du poste qu’il occupe depuis maintenant quinze mois à la tête de la deuxième région de l’EPUdF. « Mais je ne me sens pas seul, ajoute-t-il, entouré que je suis par de nombreux collègues et membres actifs, le secrétariat régional, le siège ». Alors que les tensions ont pu être fortes par le passé avec le national, lui apprécie fortement l’échange avec ses collègues des autres régions : « On se sent soutenu ».
Devant les nombreuses situations délicates à gérer, le sentiment d’impuissance est cependant grand : « Il faut accepter de ne pas pouvoir tout changer tout de suite, de ne pas pouvoir accompagner convenablement. Et comment le faire avec soixante Églises ! » L’ancien pasteur de Romans découvre que sa principale mission est de préserver le cadre, de dire non à ses interlocuteurs ! « C’est sûr, je l’apprends un peu tard ! », dit-il en riant. « Il est déchirant de trancher des situations où les pasteurs jouent leur carrière et les laïcs le sens de leur engagement ». Le conseil régional est souvent convoqué pour des arbitrages, pris en étau entre ministre et conseil presbytéral : « On fait des erreurs ! Je le vois en particulier lorsque l’on décide trop vite, de trop loin ».
Une identité forte
Notre région « possède une identité », dit-il, rappelant ses initiatives passées comme le classeur de liturgie ou le recueil de chant Arc-en-ciel. « On le sent encore aujourd’hui à travers son attachement aux ministères régionaux, à ses initiatives locales, comme la mission JEEPP ». L’ancien président d’Église verte souligne aussi, et cela pourrait paraître étonnant, le relatif équilibre entre les tendances théologiques. « Dans notre région, le mélange entre piétistes, libéraux et chrétiens sociaux se vit de manière assez sereine. Il y a nettement moins de problèmes qu’ailleurs. »
Parmi les principaux défis à relever tous ensemble, Robin Sautter mentionne l’accueil des nouveaux membres, dans nos Églises comme au prochain synode régional. Mais aussi notre capacité à nous définir positivement, à partager notre identité spécifique, dans un contexte où la transmission familiale s’effondre. « Il faut, insiste-t-il, nous adapter à la baisse du nombre de pasteurs et faire évoluer leur rôle. Cette réalité nous a poussés jusqu’alors à faire des regroupements d’Églises. Ce n’est pas la seule option ! Il est possible d’imaginer d’autres fonctionnements qui préservent le lien synodal. »
Des évolutions à envisager
Le synode des 22 au 24 novembre à Vogüé sera l’occasion de modifications des instances et du fonctionnement régional. Le document initial des rapporteurs étant resté muet sur ces orientations décisives, nous interrogeons le président : « Nous allons proposer une nouvelle version de l’organigramme régional, plus lisible et qui tienne compte de la fin de la Coordination. Nous envisageons la création de deux nouvelles commissions permanentes : l’une autour de l’évangélisation et de la mission, l’autre intitulée “écoute et accompagnement” chargée d’un rôle d’évaluation et d’orientation des situations délicates ». Le conseil régional souhaite également renforcer l’action de la commission régionale immobilière : « Elle pourra être sollicitée pour du conseil à la prise de décision par les Églises locales ». Enfin, comme l’indique l’article ci-joint, le renforcement du niveau consistorial est envisagé : « La conférence régionale et les conseils de consistoire pourraient prendre davantage d’importance et aider au discernement des priorités régionales ». « On veut que le synode réagisse ! » conclut Robin Sautter. Avec de telles évolutions envisagées, il risque fort d’être entendu.