Quelle rentrée après le confinement ?
Le confinement au printemps dernier a marqué tous les secteurs de notre vie. Les échos concernant l’école pendant cette période soulignent le manque de moyens, les difficultés, mais aussi l’inventivité déployée.
Pour Édith Tartar-Goddet, psychosociologue, les « effets réels du confinement sur l’école seront longs à mesurer et il faudra beaucoup de temps pour obtenir des statistiques fiables. » Mais les échos sont nombreux. L’inédit est pointé par les enseignants qui ont fait avec les moyens du bord. Cristel Blavin, professeure de français en collège, le dit sans détour : « quand le ministre de l’Éducation a annoncé qu’on était paré à la veille du confinement, c’était optimiste ! Personne ne s’est assuré que les enseignants disposaient du matériel ou de la connexion internet adéquats, et beaucoup ne sont pas formés. »
Révélateur des disparités
Les élèves n’étaient pas tous à la même enseigne. Emmanuel Wild, professeur de mathématiques en collège, le dit : « on a rapidement pris la mesure des problèmes de certains élèves et de leurs familles face à ces outils : manque de compétences, mais surtout manque de matériel. Certains n’ont pas d’imprimante, beaucoup n’ont accès qu’à un téléphone portable en guise de matériel informatique. » « Chez nous, il n’y a qu’un PC pour quatre dans la famille ! », est un argument que Cristel Blavin a souvent entendu. « Cela pondère l’engouement face au télétravail, renchérit Édith Tartar-Goddet, la situation a montré les difficultés à accompagner les enfants dans cette période. » Cristel Blavin l’évoque : « j’ai souvent eu des parents qui culpabilisaient de ne pas arriver à gérer leurs “doubles journées” lorsqu’ils télétravaillaient par ailleurs. »
De belles surprises
Pour Édith Tartar-Goddet, cette crise a souligné les manques, en particulier dans l’enseignement de la responsabilité, comme une compétence à acquérir pour les élèves, comme c’est le cas dans les pays anglo-saxons. Cependant, beaucoup d’élèves ont apprécié de pouvoir travailler à leur rythme. Pour Emmanuel Wild, cela l’incitera à être plus attentif à ces disparités : « proposer plus de travail en autonomie, adapter les cours selon les différences entre élèves et proposer des compléments numériques pour ceux qui le souhaitent. » Ces relations à distance élèves-enseignants ont également favorisé les échanges : « c’était souvent plus facile pour les élèves de s’exprimer par le biais d’une messagerie qu’à l’oral devant l’ensemble de la classe », selon Cristel Blavin.