Penser globalement, agir localement
Les facultés de théologie parisiennes ont proposé fin février un colloque décentralisé autour des questions écologiques, en partenariat avec le réseau Église verte. Comme une volonté de ne pas choisir entre penser ou agir et afin de donner un lieu concret à nos engagements chrétiens.
Alors que la loi « climat et résilience » est en cours d’examen au parlement, les chrétiens français s’activent aussi sur le front écologique ! Voici le troisième colloque théologique consacré en un an à la crise environnementale et au défi qu’elle pose aux chrétiens. Organisé par l’Institut supérieur d’études œcuméniques, il a mobilisé plus de 15 conférenciers universitaires, spécialistes catholiques, protestants, ou orthodoxes de ces questions, Cette rencontre sur trois jours, très dense et à la pointe du sujet, s’est déclinée cette année en région, grâce à des retransmissions en visioconférence et la mobilisation locale d’Église verte du réseau œcuménique.
Le thème choisi, Responsabilité chrétienne dans la crise écologique. Quelles solidarités nouvelles ?, invitait à un diagnostic informé de la situation et une relecture des enseignements du christianisme en la matière. Sans doute les chrétiens n’ont-ils pas assez résisté à la modernité technico-scientifique, mais ils ont aujourd’hui la responsabilité de mobiliser leurs ressources théologiques et spirituelles propres, de réviser leurs enseignements et d’agir concrètement ensemble.
Du monde sacré à l’éthique du Care
Pour l’orthodoxie et le Patriarche Bartholomée Ier, le monde est un mystère sacré et seule l’attitude spirituelle qui « rend grâce » peut stopper les abus contre la création. Quel est ce plafond de verre, demande le sociologue Ch. Monnot, qui empêche le déploiement des initiatives écologiques ? En protestantisme, le versant éthique est spécialement mis en avant, à l’image de l’éthique du Care (du soin) promue par l’écoféminisme. Ce courant est soucieux de redonner place au sentiment, au pratique, au subjectif.
Martin Kopp, avec beaucoup de clairvoyance, nous propose un « chemin de cohérence intégrale », fait d’actions écologiques concrètes, d’objectifs « soutenables, vivifiants et désirables », tant au niveau personnel, que collectif ou sociétal. La belle dynamique Église verte nous fait expérimenter des formes nouvelles « d’être au monde ».
La dimension pédagogique et catéchétique a aussi été scrutée : nous avons réduit le salut à une affaire d’âme, oubliant que le spirituel est aussi corporel ! Alors que la modernité s’accaparait le discours sur la nature et le cosmos, la nouvelle révolution scientifique, avec ses « zones critiques », pose d’une nouvelle manière, selon Bruno Latour, la question cosmologique et celle des fins dernières. La rationalité objectivante montre ses limites, la question du salut de la terre et de l’homme réapparaît, rendant à nouveau possible la prédication de la bonne nouvelle !
Interdisciplinaire et œcuménique, profonde et concrète, éternelle et actuelle, l’écologie nous interpelle, au cœur même de la foi et dans toutes les dimensions de notre vie. Avec les mots du Deutéronome, elle nous dit : « C’est la vie et la mort que j’ai mises devant vous. Choisis la vie ! »
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Une belle déclinaison régionale
C’est la première fois que le colloque Iséo se démultipliait dans les régions. En Centre-Alpes – Rhône, pas moins de six lieux ont géré inscriptions, logistique et échanges. Ils ont réuni entre 110 et 140 participants selon les jours. Si à Montélimar et Valence, les participants étaient surtout réformés, ailleurs leur proportion était plutôt de 30 %.