Partager nos dons et nos manques
Le Département missionnaire de Suisse romande a récemment décidé de réorienter son action vers plus d’équilibre dans les relations Nord-Sud.
Le Département missionnaire de Suisse romande réoriente (enfin ?) son action en vue d’être une interface entre les Églises du Sud et du Nord pour un encouragement mutuel dans la mission et pas seulement une agence qui envoie «?du Nord vers le Sud?». Un tel repositionnement n’est ni nouveau ni innovant. Il s’inscrit dans une réflexion qui remonte aux années 60-70. Il y a plus de quarante ans déjà que le Conseil œcuménique des Églises (COE) entraînait les Églises et les Agences de mission et de diaconie mondiale dans une étude sur le «?partage œcuménique des ressources?».
Donner et recevoir
L’idée de base est qu’il n’y a plus de donateurs d’un côté et de bénéficiaires de l’autre. Dans les relations entre Églises, chacune est à la fois appelée à donner et à recevoir. Leur relation est celle d’un partage, reconnaissant que chacune a des dons bénéfiques pour l’autre et des manques qui peuvent être comblés par l’autre. Cependant, ces belles affirmations se corsent quand on pose concrètement la question de savoir de quelles ressources et de quels besoins il s’agit. Nos Églises en Europe admettent volontiers que leurs Églises sœurs d’Afrique et d’ailleurs sont plus riches spirituellement. Elles voudraient bénéficier de cette richesse, mais la spiritualité n’est pas une ressource qui se partage aussi facilement qu’un chèque pour le financement d’un projet d’élevage ou la construction d’une école.
Partager le pouvoir
Une question de fond à laquelle le programme du partage des ressources du COE s’est trouvé confronté est celle du partage du pouvoir. La relation entre une Église qui dispose de moyens matériels et une Église pauvre risque d’être déséquilibrée. Comment partager le pouvoir de décision ? Une des réponses est de construire des relations qui permettent de mettre en commun les ressources ainsi que les critères et les modalités de leur affectation. La Cevaa, communauté d’Églises en mission, a été un véritable précurseur de cette vision du partage et de la réciprocité entre Églises du Nord et du Sud.