Mon beau sapin, où as-tu encore ta place ?
Au nom de la laïcité, des lycéens, parents, enseignants s’insurgent contre la présence de sapins de Noël dans les établissements scolaires. Pour couper court à cette polémique, le gouvernement a publié en 2018 un vade mecum intitulé La laïcité à l’école.
Et pourtant, ce beau sapin, qui trônait majestueusement dans nos temples il y a quelques années, a été banni dans la plupart de nos lieux de cultes, jugé trop païen. Cherchez l’erreur !
Une utilisation séculaire
La polémique ne date pas d’hier. En décembre 2004, dans un lycée de Seine-et-Marne, un modeste sapin installé dans le hall d’entrée fait réagir des élèves qui se disent très choqués par sa présence, en contradiction avec le principe de la laïcité. Le proviseur le fait retirer dès le lendemain. L’équipe éducative conteste la décision. Un communiqué est alors rédigé « l’utilisation du sapin comme symbole de vie ou de renaissance, après le solstice d’hiver, est bien plus ancienne que le christianisme ». Le sapin est réinstallé. D’autres histoires similaires se sont produites depuis.
On se souvient également de la polémique sur les crèches dans des lieux publics. Le Conseil d’État a tranché : « dans les bâtiments publics, une crèche de Noël ne peut pas être installée, sauf si des circonstances particulières montrent que cette installation présente un caractère culturel, artistique ou festif ». Un texte suffisamment flou pour que les polémiques ne cessent pas de sitôt.
Une opportunité d’évangélisation
En tant que chrétienne, je suis partagée. J’ai depuis longtemps décidé de ne pas accepter d’invitation la veille ou le jour de Noël par des amis athées et fiers de l’être, m’insurgeant contre ces athées qui s’offrent des cadeaux, décorent leur maison, font de bons repas… bref, fêtent Noël alors que le sens même de Noël leur est complètement étranger. Simplement pour faire comme tout le monde. Il en est de même dans les écoles publiques où, il ne faut pas se masquer la face, la majorité des enseignants sont athées. Quel sens peuvent-ils donner à ces festivités ? Parce que même si Noël n’est devenu qu’une fête commerciale pour certains, ces personnes ne peuvent nier que le mot Noël du latin natalis dies (jour de la naissance) signifie fête de la naissance de Jésus-Christ. Mais je me dis aussi qu’en supposant qu’il n’y ait pas toute cette effervescence autour de Noël, si la naissance du Christ passait aux oubliettes, ne serions-nous pas les premiers attristés ? Car finalement, toute cette agitation peut être vue comme une belle opportunité d’évangélisation. Alors, ne soyons pas trop désolés de toutes ces polémiques, car dans notre société où la religion n’a plus vraiment sa place, Noël permet encore de faire briller le christianisme.
En savoir plus
Fiche 16 du vade-mecum publié par le ministère de l’Éducation nationale (extrait)
Dans quelle mesure est-il possible de célébrer les fêtes sécularisées dans les écoles et établissements publics d’enseignement (par exemple Noël) ? La question peut être posée au sujet du sapin de Noël qui serait considéré comme appartenant à la tradition chrétienne. Issu de multiples traditions, d’abord païennes, l’arbre mêle aujourd’hui de nombreuses symboliques. Un regard historique permet de saisir les évolutions culturelles, de prendre de la distance et de voir comment chaque époque s’approprie les symboles et leur donne un sens nouveau. Le sapin, symbole d’une fête largement laïcisée, peut être installé à condition qu’il ne revête aucun caractère cultuel dans sa présentation ou dans sa décoration.