Lieux de paix – 18 –

Les bienfaits du nettoyage des toilettes

08 octobre 2019

Entre tâches quotidiennes et grandes convictions, il faut trouver ses îlots de paix…

Je revendique l’effet bienfaisant des tâches ingrates comme celles de nettoyer les toilettes, décrotter le paillasson, laver la vaisselle, récurer les plats bien encrassés, balayer, éplucher les légumes, passer l’aspi ou la serpillière, faire la lessive, etc. Je vous laisse le soin de compléter la liste…

Très longtemps, j’ai considéré ces tâches comme totalement ennuyeuses, fatigantes, monotones et vraiment sans intérêt. Je ne suis pas une psychomaniaque du ménage et puis j’ai tellement mieux à faire !

Et, voilà qu’un jour, j’y ai réfléchi d’un peu plus près et surtout je me suis appliquée à ces tâches et j’ai décidé de les accomplir avec plus d’enthousiasme. Non, je ne saute pas au plafond, je ne suis pas folle de joie quand je m’y colle, mais tout simplement, je me suis rendu compte que ces petites tâches du quotidien, ces petits « riens » ont ce grand avantage de rééquilibrer bien des choses intérieurement, comme ça, sans que j’en prenne vraiment conscience. Au final, elles participent aux travaux de nettoyage de mon être intérieur.

« Pour qui se prend-on ? Pour qui est-ce que je me prends ? » Je m’interroge souvent à ce sujet. Et là, quand je fais la vaisselle ou que j’épluche tranquillement les patates sans trop réfléchir, je me dis que je suis à ma place, et que ces petites choses insignifiantes me remettent aussi à ma place. En fait, j’y trouve là un super décapant contre les saletés trop bien connues de l’orgueil ou de la prétention de me prendre pour quelqu’un.

© pixabay

 

Je n’ai que mes yeux pour pleurer,
Je n’ai que mon cœur pour aimer
Je n’ai que mes pieds pour avancer
Je n’ai que mes pensées pour essayer de comprendre
Je n’ai que ma prière pour espérer
Je n’ai que ma vie pour rater le moins possible tout ce qui m’attend, tout ce qui nous attend, tout ce que les autres attendent de moi

Je n’ai que mes mains pour donner et partager
Je n’ai que mon sourire pour accueillir et soutenir
Je n’ai que ma voix pour chanter et apaiser
Je n’ai que ça…

Mais j’ai aussi la rage de vivre, la rage de voir les choses changer en moi et autour de moi.
La rage contre les injustices, la pauvreté, l’absence de partage, contre les souffrances subies, la rage envers les bien-pensants et les malfaisants, les « culs bénis » et aussi les « faux-culs ».

Et puis entre ces deux flots de mes manques et de mes rages, il existe de petits endroits, petites îles de paix où je peux me réfugier, me réassurer. Je m’y rends régulièrement. Ces lieux s’appellent : Dame Nature, prière, foi et espérance, famille, fraternité… avec toujours l’amour dans le rôle de la petite flamme jamais éteinte, vivante et source de tous les possibles.

Pascale Gheysen
aumônier des hôpitaux de Romans et Tournon

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