Australie

Le sens de la community

01 juin 2020

Résidant pour six mois en Australie, en pleine période de pandémie, la famille Moyen expérimente et médite les différences interculturelles.

Au moment où j’écris, l’Australie ne totalise que 6800 cas de Covid et 90 décès, trois mois après le premier cas. La prévention – exemplaire – qu’elle a mise en place, s’appuie sur la participation de tous. Cette réussite tient sans doute à de vraies différences culturelles.

Pendant plus d’un mois avant le confinement, nous avons vu de nombreuses mesures se mettre en place : contrôles aux frontières, dépistages massifs, interdictions progressives des rassemblements, distanciation sociale, apprentissage et pratique des règles d’hygiène à l’école…

Une anecdote amusante : au supermarché, les caissières n’emballent plus les courses des clients, ce qui est totalement nouveau pour le pays !

Un a priori de confiance

Nous avons ressenti un a priori de confiance envers toutes ces mesures, bien loin de la défiance que peuvent avoir les Français, où toute décision est jugée d’emblée politique et partisane. Quand un journal français prédit l’échec du tracing par le titre : « l’appli qui va faire flop », on lit en Australie : « les responsables médicaux du gouvernement appellent chacun à un acte citoyen solidaire en téléchargeant l’application ». En 24 h, deux millions de personnes ont cliqué sur « oui, je veux aider », chiffre espéré pour la première semaine !

Alors que dans l’hexagone, le mot communauté désigne un groupe (par exemple, religieux ou ethnique) qui s’isole du reste de la société, et est vite taxé négativement de communautarisme, le « sense of community » est à la base de la vie quotidienne australienne. L’école est une community regroupant dans un même ensemble enfants, parents et enseignants. Il y a aussi la community du quartier ou de l’Église. Et aussi, par extension, la community nationale dont la valeur peut dépasser les intérêts personnels… C’est sans doute ce qui permet l’adhésion de tous aux mesures mises en œuvre autour de ce nouvel objectif : la safety ou sécurité sanitaire.

Myriam Moyen
membre du Conseil régional

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