Le courage de dire
Les différents articles publiés dans notre journal ces derniers mois au sujet de l’élection présidentielle et des législatives à venir ont suscité la réaction suivante qui vient enrichir le débat.
À l’issue de son synode national consacré à l’écologie, l’Église protestante unie de France (EPUDF) a eu le courage de dire une parole de vérité sur les causes du réchauffement climatique et les conséquences à en tirer. Avec courage, notre Église a reconnu la responsabilité de l’activité humaine dans le dérèglement climatique et appelé à «?un changement de modèle économique vers une vie plus sobre et moins prédatrice de l’environnement.?» Ce texte est le fruit d’un long processus prenant en compte les observations de la communauté scientifique internationale, éclairé par la foi de toutes les femmes et tous les hommes qui ont participé à nos débats. On aurait pu s’attendre à ce que les engagements et convictions portés par ce texte occupent une place de choix dans nos débats autour de la campagne présidentielle. Hélas, il n’en a rien été?; nos journaux régionaux, depuis trois mois, ont plus traité la campagne sous le prisme des préférences personnelles des auteurs…
Les programmes électoraux à l’aune de l’écologie
Pourquoi ces rédactions et plus largement notre Église n’ont-elles pas porté plus haut nos convictions écologiques à l’heure où nous étions appelés à exprimer un choix déterminant l’action de notre pays pour les cinq ans à venir?? Au moment de passer du dire au faire, le courage a-t-il fondu comme la banquise?? N’aurait-il pas été envisageable de passer en revue les candidats et leur programme à l’aune des espérances écologiques portées par l’EPUDF?? Chacun d’entre nous aurait été invité à réviser ses préférences et préjugés politiques en les confrontant à l’expression de l’engagement collectif de notre Église. Je ne demande pas à l’EPUDF d’imposer l’écologie comme un dogme à ses fidèles, mais de donner à chacun l’occasion d’évoluer vers une meilleure compréhension des convictions qui nous unissent. Des convictions dont doivent découler des choix qui dessineront un horizon d’espérance pour nous et nos enfants. À quoi donc pourrait servir une Église qui mettrait ses convictions sous le boisseau à l’heure des grands choix??
Le courage de choix radicaux pour un avenir d’espérance
«?Le courage peut prendre de nombreuses formes. Il faut beaucoup de bravoure pour faire face à ses ennemis, mais il n’en faut pas moins pour affronter ses amis.?» J’emprunte ces mots au professeur Dumbledore, de la série des romans Harry Potter, que mon fils aîné affectionne, pour interpeller les pasteurs et théologiens qui font la richesse de notre Église. À l’heure où vous lirez ces lignes (que je n’ai pas eu le courage d’écrire plus tôt), la bataille présidentielle aura été jouée, mais il nous restera à traverser les législatives. Aurez-vous le courage d’affronter vos amis et frères en Christ, pour leur dire que «?non, l’inaction climatique n’est plus acceptable, non, tous les programmes n’ont pas les mêmes ambitions face au défi climatique, oui, nous pouvons et devons dessiner ensemble un autre monde ici-bas, oui, cela implique de faire des choix radicaux et parfois douloureux et de renoncer aux illusions d’un vieux monde qui se meurt?»??