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Une communauté sur le seuil

La Margelle

22 octobre 2019

La Margelle est située au cœur du quartier de la Paillade et fait partie de l’Église protestante unie de Montpellier Agglomération. Lieu de rencontre, d’échanges et de partage, partons découvrir les richesses d’un lieu d’accueil particulier.

Il y a souvent une fête à La Margelle. La fête des voisins ou l’accueil de réfugiés. Tout est une raison de se réjouir. Au plein cœur de la Paillade, ce centre cultuel et culturel de la paroisse de Montpellier cultive depuis plus de 30 ans la rencontre et le partage avec les autres communautés religieuses du secteur.

Pour la fête des voisins, les musulmans, les paroissiens de la margelle, la communauté coréenne et tous les autres voisins du quartier se retrouvent sur la grande esplanade qui est devant le bâtiment. C’est une fête des couleurs, des saveurs, des amis, des enfants. Chacun partage avec son voisin un moment de discussions, des nouvelles des uns et des autres.

Le four à pain ronronne, faisant cuire et réchauffer les plats que tous ont apportés.

Les enfants dessinent leur espérance et regardent les cerfs-volants envahir le ciel. Les yeux brillent, la musique bat son plein, c’est un instant de plénitude hors du temps, hors des problèmes que connaît le quartier.

Lors d’une seconde soirée, l’accueil d’une famille de réfugiés réunit dans le jardin des membres de la paroisse ainsi que des membres des associations d’entraide de Montpellier (Gammes et Afep).

C’est un instant émouvant où l’ancienne famille qui occupait les lieux passe le relais aux nouveaux. Moments de reconnaissance et d’entraide, échanges de bons tuyaux et accueil chaleureux de la communauté. Ici on sait vivre la Fraternité.

Le fameux four à pain de La Margelle © NB

 

Un lieu transversal

Si La Margelle a une dimension d’Église principalement, c’est un lieu avec un cadre hors norme. La communauté s’est développée sur le seuil du quartier. Sa mission attire et interpelle. Il y a une communauté de militants forte qui aime la liberté et qui préfère s’engager et venir à La Margelle plutôt que dans un secteur d’Église plus « classique ». Peu habitent ici, mais ils viennent pour cette dimension sociale, une Église à cheval entre le cultuel et le culturel.

La mission de l’Église est de maintenir une ouverture sur le quartier et les questions de société qui interrogent ses habitants. Il faut aussi faire face aux changements. Tout a beaucoup changé en 30 ans ; une forte déchristianisation, chaque tour du quartier forme comme un clan, il y a aussi un gros problème de surpopulation et beaucoup d’habitants vivent ici sans papiers.

Les attentats, depuis celui du 11 septembre 2001, ont engendré une véritable cassure entre les communautés, ils ont un peu sonné la fin du dialogue interreligieux. Si à l’origine de La Margelle, il y avait de véritables relations fraternelles, aujourd’hui, ces relations se tendent. Il y a des replis identitaires.

La pasteure Solange Weiss-Déaux et le président du conseil, Alain Chapel © NB

Un lieu de lutte

Même si l’on sent que les forces vives qui ont fondé La Margelle ont un peu perdu de l’énergie, on discerne une réelle volonté de rester implanté dans le quartier et de continuer à annoncer l’Évangile dans ce secteur. L’enjeu de la communauté est d’être en permanence sur les premières lignes pour affronter les changements et les bouleversements de notre société qu’ils soient négatifs ou positifs.

Le but est de garder cette présence protestante dans un ensemble en perpétuelle mutation. Il est une zone de reconquête républicaine par l’État et c’est urgent ! Ce sont des quartiers où l’éducation est abandonnée et où il est difficile de relancer des programmes scolaires.

D’ailleurs une des volontés des engagés de La Margelle est de faire déplacer le préfet. Ils voudraient connaître ses intentions et sa volonté pour l’avenir de La Paillade.

Un lieu d’accueil

Au-delà du lieu d’Église, les bâtiments de La Margelle accueillent un foisonnement d’associations. Toutes sont engagées pour aider et soulager les populations. Ce ne sont pas forcément des associations de l’Église. Certaines sont des associations reconnues laïques et sont hébergées dans les locaux.

Il y a 25 ans, l’association Gammes a installé dans les murs, Alisé, un service d’aide pour le soutien scolaire, l’éducation et lutter contre l’illettrisme. Ce service est une véritable tête de pont du quartier. Aujourd’hui, il y a un animateur et deux services civiques qui accompagnent environ 70 familles. Ils aident à la fois les enfants avec du soutien scolaire, mais aussi les parents avec un soutien à la parentalité et des ateliers pour les femmes. Ils permettent à ces familles de sortir loin de l’ambiance du quotidien lors de promenades pique-nique.

La margelle accueille aussi « les bébés du cœur ». Cette association, deux fois par semaine, distribue couches, petits pots, laits et différents outils de puéricultures.

Savoir accueillir les réfugiés © NB

Un lieu d’avenir

La Margelle a tout son sens à la fois par son implantation dans le quartier de la Paillade et comme antenne de la communauté protestante de Montpellier. Il y a bien sûr une grande dimension œcuménique. Pour savoir accueillir, il faut savoir qui nous sommes. Pour témoigner, il faut continuer à se nourrir.

C’est un lieu qui sait, qui aime saisir les occasions de vivre un projet. Il y a aussi une véritable ouverture de la communauté aux autres et au monde.

La Margelle est à la fois une communauté au cœur et au seuil de l’Église.

Avec l’arrivée de la nouvelle pasteure Solange Weiss-Déaux, avec l’énergie du président de secteur Alain Chapel et de son conseil de secteur, La Margelle a tous les outils pour remplir sa mission.

Nicolas Boutié
journal Le Cep

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