L’espoir d’une visite papale
Du 5 au 8 mars, le pape François a effectué en Irak l’une de ses rares visites en cette période de pandémie, quelques années après l’émergence de l’État islamique.
La visite du pape François en Irak, du 5 au 8 mars dernier, a permis de mettre en valeur la situation de persécution des chrétiens, même après la chute de l’État islamique. Cette visite a pu surprendre à plus d’un titre?: en pleine pandémie qui valait à la population irakienne de vivre confinée pendant la tournée du pape?; dans un État du Moyen-Orient peu connu comme territoire de présence chrétienne?; dans un pays où l’insécurité reste grande aujourd’hui encore, 10 ans après le déclenchement de la guerre en Syrie voisine avec laquelle la frontière est poreuse.
Redécouvrir la présence chrétienne
Invité par la télévision suisse romande, le professeur d’histoire du christianisme à la faculté de théologie de Genève, Michel Grandjean, commentait le 5 mars?: «?[grâce à ce voyage] on se rappellera qu’il y a là des communautés chrétiennes.?» Il mentionnait la longue histoire trop oubliée de ces communautés?: «?pendant longtemps, on a cru que le centre de gravité du christianisme, c’était l’Europe. On a longtemps pensé que les chrétiens qui n’avaient pas reconnu les grands conciles du IVe ou du Ve siècles se mettaient en marge du christianisme. C’est faux?! Les Nestoriens, par exemple, ont été très importants, en Asie, en Inde, jusqu’en Chine. C’est une branche très vive, très importante du christianisme. […] Le christianisme, pendant à peu près un millénaire, n’était pas une religion majoritairement européenne. Les chrétiens qui vivent dans cette zone syro-irakienne parlent encore, pour un bon nombre d’entre eux, la langue que parlait le Christ, l’araméen. Ces chrétiens-là sont dans le droit fil des chrétiens des toutes premières générations.?»
Faire émerger à nouveau l’espérance
Pour la population chrétienne d’Irak qui, en l’espace de quelques générations, est passée de 10 % à 1 % de la population globale, la visite du pape François a signifié un symbole fort d’espérance. En insistant sur le dialogue interreligieux, il a également tracé des pistes pour la sortie d’un conflit qui reste fortement ancré dans une dimension communautaire.