L’action de la Mission JEEPP auprès des jeunes
Les étudiants et jeunes travailleurs se sont souvent trouvés isolés avec les différents temps de confinement et de couvre-feu, parfois loin de leurs familles et de leurs proches. La Mission JEEPP à Lyon, œuvre, plus que jamais, à garder le lien avec eux et à les accompagner.
Dès le premier confinement, en mars dernier, Mariana et Mateus, les deux missionnaires brésiliens porteurs de la Mission JEEPP (jeunes étudiants et professionnels protestants) à Lyon, ont saisi combien ce temps particulier risquait d’isoler les jeunes étudiants et jeunes adultes. Comme tout un chacun, bien sûr, un confinement signifiait un arrêt des relations sociales. Mais cette absence de relations pouvait se trouver démultipliée pour celles et ceux qui se trouvaient du fait de leurs études ou d’un premier emploi, à la fois éloignés de leur famille et vivant dans des logements exigus.
Rester en contact, régulièrement
Dès lors, Mariana et Mateus ont choisi de maintenir le plus de rencontres possibles parmi celles qui étaient programmées, en changeant seulement le mode de fonctionnement. Les réunions du groupe A+ et les soirées de la Maison d’Unité se sont donc progressivement transformées en réunions en visioconférence pour poursuivre ce qui avait été planifié. Ils ont par ailleurs choisi de bloquer une journée toutes les trois semaines pour contacter individuellement chacune et chacun des participants aux activités de la Mission JEEPP, que ce soit une participation régulière ou non. Ce sont une cinquantaine de jeunes qui sont donc en relation avec l’un ou l’autre pour échanger des nouvelles, partager ce qu’il vit, ses difficultés. Désormais, Mariana et Mateus sont épaulés par les membres du groupe d’action de la Mission JEEPP dans cette présence à distance.
Une grande demande d’accompagnement
En entretien en tête à tête au temple de la rue Fénelon (Lyon 6e) ou par téléphone, Mariana et Mateus sont aussi de plus en plus souvent sollicités pour des accompagnements plus étroits par des jeunes en souffrance. « Le temps de fêtes a été particulièrement difficile pour certains qui étaient isolés, loin des leurs. » Ce sont les discussions autour des études ou de l’incertitude de l’avenir, la question de la pression familiale ou au contraire de l’isolement, qui reviennent le plus souvent dans ces échanges. Beaucoup ont aussi besoin d’être accompagnés dans la prière.
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Premières victimes de la crise
Les jeunes font partie des premières victimes de la crise économique. Anne Brunner, directrice d’études à l’Observatoire des inégalités, a publié un rapport sur la pauvreté, fin novembre.
Elle pointe que les jeunes, étudiants et/ou travailleurs, sont les premières victimes de la crise économique des 15-20 dernières années et souffrent particulièrement des conséquences des mesures sanitaires des derniers mois.
Le logement est un problème majeur pour les jeunes en situation de précarité. Les inégalités en matière de logement sont très grandes, et sont conditionnées par plusieurs critères. Le premier d’entre eux : les revenus. La part du budget des jeunes consacrée au logement est plus importante que dans les autres tranches d’âge de la population. Il y a là une vraie rupture générationnelle. D’autant que la hausse du prix de l’immobilier, donc des loyers, a contribué ces dernières années à enrichir les plus âgés, propriétaires des logements, tout en appauvrissant les plus jeunes, souvent locataires. Il y a là un transfert invisible de revenus, d’une génération à l’autre, qui contribue à agrandir les inégalités.
Autre forme de pauvreté : l’isolement social. Cette « pauvreté » est difficile à mesurer, car il n’est pas facile de faire la part des choses entre le fait de vivre seul et le fait de se sentir seul. Beaucoup de jeunes en situation de précarité ont peu de relations ou d’interactions avec leur famille ou leurs voisins. Il faudrait aussi parler de la santé psychique des jeunes adultes, mise à mal par le confinement et par les replis liés à la crise sanitaire.
Cette précarité, associée à la fragilisation sociale et psychique induite par la fermeture des établissements universitaires et la perte des petits emplois, a poussé deux étudiants lyonnais au suicide à quatre jours d’intervalle, début janvier.