Forum œcuménique
Le 12 octobre avait lieu, au temple du Saint-Esprit à Paris, le forum œcuménique proposé et organisé par le Cecef (Conseil des Églises chrétiennes en France) sur le thème Les chrétiens et l’accueil de l’autre en Europe. Le pasteur Thierry André revient sur cette riche journée.
D’emblée, dès l’entrée dans le temple où se tient le Forum œcuménique, les deux versets impressionnent. Ils sont gravés dans d’immenses plaques de marbre et encadrent l’autel : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14.6) et « Dieu est Esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4.24). À bon entendeur !
De l’émotion
La matinée se veut sérieuse et consistante avec les interventions de qualité de Mgr Antoine Hérouard, évêque auxiliaire de Lille, Julija Naett-Vidovic, professeure à l’Institut orthodoxe Saint-Serge, et le pasteur Luca Negro, président de la Fédération des Églises protestantes en Italie.
L’émotion nous saisit lorsque la jeune professeure orthodoxe se dégage régulièrement de son exposé dogmatique pour apporter son témoignage personnel, car elle s’est retrouvée dans la position de migrante lors de la guerre des Balkans. On s’enthousiasme lorsque Mgr Hérouard cite Jean-Paul II qui en 2003, déjà, parle de « la vocation spirituelle de l’Europe » et des valeurs qu’elle doit porter à cause de l’Évangile, telle que l’affirmation transcendantale de la personne, mais aussi lorsqu’il cite le pape François qui, lui, parle de la « mondialisation de l’indifférence ». On aime le franc-parler de Luca Negro qui explique avec enthousiasme à quel point la mise en place des couloirs humanitaires en Italie a été un vecteur inédit d’un œcuménisme fort entre protestants et catholiques italiens, ce qui était loin d’être acquis dans cette nation !
Des découvertes
L’après-midi s’est voulu plus incarnée avec des témoignages de vécu concret d’accueil de l’autre. Ainsi, sachons qu’il existe à Paris un foyer pour étudiants de diverses confessions chrétiennes (Maison Istina), qui les encourage à aller l’un vers l’autre et à essayer de comprendre celui-ci dans sa manière de prier ou de vivre le culte (pas facile pour un évangélique par exemple de s’habituer au nuage d’encens saturant une messe orthodoxe). On découvre également que le train-train d’une communauté évangélique de Nice s’est trouvé profondément perturbé par l’arrivée massive de croyants migrants iraniens: problématique de langue, de culture, d’action sociale démultipliée ! On nous décrit aussi comment une paroisse parisienne réformée accueille l’après-midi dans ses locaux une autre église, méthodiste, dont les membres proviennent principalement de Côte d’Ivoire. En fait, cet accueil de l’autre s’exprime vraiment de différentes manières, à l’image de la diversité de l’humanité !
Et une remise en question
Cette journée n’aurait pas été complète si nous n’avions pas pu nous exprimer en petits groupes. L’accueil de l’autre, c’est aussi commencer par essayer d’accepter que la forme du culte diffère de la nôtre, se laisser déranger dans nos certitudes. Cette belle journée au temple s’est conclue par un temps de méditation et prières (Actes 28) concernant le récit du naufrage de Paul au large de l’île de Malte. La problématique de l’accueil en Europe n’est pas si récente que cela…