Déclaration œcuménique de Lampedusa
Du 30 septembre au 3 octobre se tenait à Palerme une conférence internationale sur les migrations, organisée par la Conférence des Églises chrétiennes (KEK), la Commission des Églises pour les migrants en Europe, la Fédération des Églises protestantes en Italie et le réseau « Mediterranean Hope ». Cette conférence se questionnait sur « Vivre et témoigner des frontières ».
Nous sommes des chrétiens de différentes traditions d’Europe et des États-Unis, nous réunissant à Palerme pour réaffirmer notre engagement à accueillir les migrants et les demandeurs d’asile. Catholiques, orthodoxes et protestants, nous avons reçu ensemble les difficultés et les propositions d’experts et de représentants de la société civile qui ont contribué à notre débat.
Le 3 octobre, nous nous sommes rendus sur l’île de Lampedusa pour faire mémoire du naufrage du 3 octobre 2013 où 368 migrants ont trouvé la mort à quelques miles nautiques de la côte. Au terme de ces rencontres et de cette commémoration, nous retournons dans nos Églises et lieux d’engagement œcuménique porteurs de cet appel.
Réfugiés et migrants au cœur de notre foi
Sœurs et frères, nous devrions toujours nous souvenir que protéger et accueillir les migrants et les réfugiés se trouve au cœur de notre foi en Jésus-Christ, et que ces valeurs sont le message central du message chrétien que nous sommes appelés à proclamer. Nous devrions nous souvenir que, selon l’Évangile qui nourrit notre foi, les migrants et les réfugiés qui vivent parmi nous ont des droits fondamentaux qui ne peuvent être restreints ou niés, au bénéfice ou au nom de nos intérêts nationaux.
Nous devrions nous souvenir que tout mur, qui nous sépare de notre voisin et qui empêche ceux qui fuient la persécution et la violence, nous éloigne de l’amour de notre Seigneur et de notre vocation à accueillir et à protéger. Frères et sœurs, nous renouvelons notre engagement à offrir des places d’accueil et de protection, à offrir de l’aide et de l’espérance afin que les personnes puissent reconstruire leur vie après les blessures de la guerre, de la persécution et de la faim. Nous invitons également les migrants à apporter avec eux leurs dons, leurs expériences et leurs voix afin de faire de nos Églises des lieux plus ouverts et attentifs pour tous.
Pas des murs ; des corridors
C’est pourquoi nous nous opposons à toute politique de fermeture ou de modification des frontières pour empêcher ou interdire l’accès à des hommes, des femmes et des enfants qui relèvent d’une protection internationale.
Nous appelons maintenant nos gouvernements et les institutions internationales à sécuriser des lieux de passage et des couloirs humanitaires pour les réfugiés, les demandeurs d’asile et ceux qui vivent une situation de danger ou dans des conditions de vulnérabilité.
Ouvrir les yeux sur les nouvelles réalités
Nous demandons aux décideurs politiques de prendre plus en compte les nouveaux facteurs économiques, politiques, militaires et environnementaux, qui poussent les peuples à fuir vers des pays plus stables et plus riches, et d’assurer une interprétation plus inclusive du droit à une protection et à un asile internationaux.
Nous exprimons notre soutien aux politiques de stabilisation et de soutien économique en faveur de pays qui, à ce jour, n’ont pas la capacité de garantir la survie et la croissance de beaucoup de leurs citoyens.
Nous souhaitons appeler nos Églises à interpeller les gouvernements et les autorités à mettre en œuvre des politiques plus humaines et ouvertes en faveur des réfugiés, à bâtir des ponts comme instruments de solidarité et signes d’espérance. C’est pourquoi nous demandons l’aide de notre Seigneur pour qu’il nous soutienne dans le service de notre prochain, qui frappe à nos frontières.