Confinement

Célébrer des obsèques en temps de confinement

01 mai 2020

Le 17 mars, Édouard Philippe a répondu par la négative à une téléspectatrice qui lui posait la question de se rendre à l’enterrement d’un ami. Seule la famille proche (dans la limite de 20 personnes) peut se rendre aux obsèques d’un défunt.

Pour les familles et les ministres, les services funèbres ont pris une allure toute particulière. Nous proposons aux familles un service au cimetière dans l’immédiat en leur rappelant la possibilité d’une célébration plus complète plus tard, lorsque la situation s’y prêtera à nouveau. Bien sûr, la première réaction que nous avons, c’est de relever l’ironie qui fait que la situation actuelle nous oblige à revenir à nos pratiques traditionnelles.

Reprendre l’accompagnement

Mais, dans un deuxième temps, il est nécessaire d’accompagner concrètement des familles en deuil. Certaines d’entre elles ressentent cela comme une cérémonie au rabais, à la va-vite, peut-être même bâclée. Il est probable aussi que nombre d’entre elles ressentent plus durement encore la solitude qui vous étreint dans ces moments-là. D’autres, au contraire voire parallèlement, ont relevé le surplus d’intensité que les circonstances donnaient à ces cérémonies hors norme. Il sera bien évidemment nécessaire de reprendre l’accompagnement des familles endeuillées lorsque les circonstances le permettront, qu’une seconde cérémonie soit organisée ou non.

Un Évangile non incarné

Du point de vue du ministre, le seul dont je puisse personnellement témoigner, je dois avouer que cela m’est pénible. La rencontre téléphonique avec la famille est devenue la norme. Or beaucoup de ce qui s’échange pendant les temps de préparation passe par les silences, les sourires, les regards, par les anecdotes plus moins amusantes. Le téléphone privilégie le fait brut, la concision, l’efficacité. Je me sens beaucoup moins proche de la famille au moment des obsèques, distance émotionnelle renforcée par la distance physique minimale de 1 min 50 s qui me sépare de chacune des personnes en deuil. Pas de poignées de mains chaleureuses, pas de paroles murmurées, pas de complicité… Je crains que l’Évangile annoncé manque alors un peu d’incarnation !

Vincent Christeler
pasteur à Saint-Étienne–Forez

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