Aumônerie pénitentiaire : retraite spirituelle sur l’île de Saint-Honorat
Les moines de l’Abbaye de Lérins au large de Cannes nous ont accueillis la dernière semaine de juin 2023... « Nous » : ce sont une trentaine d’aumôniers de prison catholiques et protestants !
L’abbaye cistercienne, qui héberge une trentaine de moines, reçoit régulièrement des groupes pour des retraites comme la nôtre.
Le cadre paradisiaque très fleuri, la Méditerranée, en ce début d’été, favorisaient vraiment la spiritualité et la prière.
Un moine, frère Marie et un pasteur, David Buick se sont relayés pour nous inviter à des réflexions profondes sur le thème de « La juste place ».
Quelle est ma place ?
C’est frère Marie qui se charge de l’introduction : « Suis-je à la bonne place ? Est-ce le bon moment, la bonne décision, le bon choix, la bonne disponibilité ? Est-ce que c’est bien cela que l’on attend de moi ? Que Dieu attend-il de moi ? Nous pourrions presque décliner à l’infini, tellement ce questionnement accompagne notre vie courante.
En réalité la question de la juste place est une véritable aventure, et souvent un véritable défi.
Cependant, tout n’est pas au même degré de choix et de décision.
Le sentiment, ou la conviction de la juste place est avant tout une question existentielle.
Ma vie humaine a-t-elle du sens ? Et plus profondément encore, ma vie chrétienne a-t-elle du
sens ?
Une interface nécessaire
David Buick poursuit : “Qui d’autre que nous peut passer si rapidement, et plus ou moins à volonté, de la porte de la prison jusqu’à l’intérieur d’une cellule au mitard ?”
Nous sommes aussi à l’interface entre “le fait religieux” et l’État. Nous y sommes à un moment où il y a de grandes tensions le long de cette frontière (la loi des séparatismes et la menace d’un “laïcisme” toujours plus virulent, et en face la remontée des intégrismes et le nationalisme religieux que ce soit chez les protestants ou les catholiques), mais aussi, du coup, peut-être à la pointe de ce que pourrait être une laïcité “éclairée” en France : un rôle d’accompagnement spirituel inscrit dans les textes de loi, dont l’utilité est reconnue (la plupart du temps…) par des fonctionnaires de l’État, avec un travail collaboratif dans l’organisation et la mise à disposition d’un lieu pour faire le culte, les entretiens, et aussi des sollicitations en tous genres.
Enfin, nous sommes aussi une interface non officielle entre toutes les couches du monde pénitentiaire.
Une communion riche
Toute la semaine se déroule ainsi, ponctuée de chants, de prières, d’échanges entre aumôniers sur telle ou telle situation marquante, voire déchirante.
Une semaine qui restera, pour moi, un départ vers nombre d’interrogations profondes.
C’est sûr, l’an prochain... j’y retourne !