Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Angoulême

Valoriser la bande dessinée

01 mars 2017

Du 26 au 29janvier dernier, se tenait à Angoulême le 44ème festival international de le Bande Dessinée. L’Église protestante unie d’Angoulême, l’Église évangélique libre et l’Église catholique organisent en parallèle le festival de la BD chrétienne. Retour sur la soirée inaugurale.

©DR

Le temple d’Angoulême (27 rue de Belat) accueillait pour la 30ème année une exposition. Le thème de cette année est : « D’un Martin à l’autre. Martin Luther, Martin Luther King, lanceurs d’alerte d’hier pour aujourd’hui ». Pour cette année un peu spéciale, trois expositions en une seule.

Vernissage au temple de la BD
Tout d’abord, l’exposition Luther de l’ÉPU du Sud-Ouest, « Luther a ouvert la porte à la modernité », qui présente en 12 panneaux clairs et originaux une actualisation de la pensée de Luther. Les dessins de Benjamin Lagarde apportent une touche d’humour et relient parfaitement cette expo avec le festival de la BD. Ensuite, une exposition sur la BD en 3 volumes qui retrace la vie de Martin Luther King. Et enfin, les planches originales de la prochaine BD sur Martin Luther aux éditions Glénat qui sortira en mars 2017. Une exposition riche et dense.

Pour une désobéissance civile
La table ronde, animée par Nathalie Leenhardt, rédactrice du journal Réforme, est lancée par Grégoire Quevreux, philosophe. Il présente le principe de la désobéissance civile de Platon à nos jours. Il introduit particulièrement le penseur américain Thoreau qui au milieu du XIXème siècle a défendu l’idée de désobéissance civile. Il veut réveiller les consciences, il désire que les désobéissants deviennent la conscience de la société.

À sa suite, Matthieu Arnold, professeur d’histoire à la faculté protestante de Strasbourg, essaie de voir en quoi Luther pourrait être un lanceur d’alerte ou un désobéissant civil… Mais pour l’historien, même si l’idée est intellectuellement intéressante, elle a ses limites. Le Réformateur a lutté contre les grands financiers et les princes de l’Église. Il leur a tenu tête. Luther est le seul qui a été entendu, il n’a pas cédé à la pression. Mais il a un grand avantage, il est soutenu par Frédéric Le Sage. Il lance peut-être une alerte : Je refuse de me rétracter parce que je reconnais une autorité supérieure.

Puis Nicolas Boutié, historien, a tenté de montrer en quoi, à travers les grands thèmes abordés par Luther et présentés dans l’exposition de l’ÉPU du Sud-Ouest, il était possible de découvrir un réformateur lanceur d’alerte. Cependant, il a évité de vouloir trop coller à des termes dont l’actualité ne correspond pas forcément avec l’histoire d’un homme du Moyen Âge. 

Lutter contre Monsanto
Enfin, nous avons pu assister au témoignage très fort de Paul François. Agriculteur, président de Phyto-Victimes. Il est le premier civil à faire condamné Monsanto. Il se reconnait dans les différentes définitions de la désobéissance civile. Mais pendant un certain temps, il rentre dans les rangs. Il est agriculteur et met en œuvre les progrès techniques et chimiques qui lui sont proposés pour une agriculture intensive. En 2004, il s’intoxique avec l’herbicide Lasso de chez Monsanto. Après une longue bataille, il est reconnu en maladie professionnelle par la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et fait condamné le laboratoire chimique. « Je refuse que des produits tuent volontairement des hommes » déclare Paul François. La lutte n’est pas terminée… Notre lanceur d’alerte souligne que la désobéissance de ses années de jeunesse ressurgit. Sa lutte est possible grâce à des avocats qui le soutiennent dans son combat. Mais c’est aussi le combat d’une famille et de ses valeurs. Même si Paul François est très éloigné de toute religion, il souligne l’éducation et les valeurs transmises par ses parents catholiques. 

Une soirée précieuse pour éveiller nos consciences. De Luther à aujourd’hui, des hommes et des femmes ont su réagir pour nous remuer et nous faire réaliser que nous devons nous lever pour lutter contre certaines injustices.

Nicolas BOUTIÉ
journal Le Cep

Commentaires