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Grandir ensemble

Une maison où reprendre pied

31 octobre 2019

Tant de liens parentaux sont fragilisés dès la petite enfance : violence familiale, séparations, précarité… À Toulon, « Grandir ensemble » vient de naître pour apporter une aide personnalisée aux mères et à leurs enfants.

Même si deux femmes y ont déjà été reçues cet été, c’est bien à l’inauguration de cette toute nouvelle structure que nous assistions jeudi 3 octobre à Toulon. « Grandir ensemble » va accueillir de façon personnalisée et chaleureuse des mères en difficulté et leurs jeunes enfants (jusqu’à 4 ans), offrant un lieu de parole et de reprise de confiance pour ces femmes ; un espace de relation et de jeux sécurisant pour leurs enfants.

Joie de l'inauguration, partagée avec divers acteurs sociaux. 3e à partir de la droite : Alain Besançon, président de l'Entraide protestante de Toulon (© SD)

 

Un accueil pensé

Au rez-de-chaussée d’une maison ancienne – un petit mas entouré de pins, niché dans le quartier de l’Escaillon –, trois pièces rénovées offrent un cadre joyeux et apaisant. Un salon d’accueil à l’atmosphère familiale, au décor doux et soigné. À côté, une pièce remplie de jouets et jeux multicolores (avant même le début des discours, les enfants présents ont testé !). Chacun a pu également admirer le vestiaire réservé aux tout-petits. Agencé comme une boutique, arborant des couleurs pimpantes, il propose à prix symbolique des vêtements de qualité, parfois neufs, qui ont été donnés – avec la volonté de ne pas acheter ce qu’on a déjà et qui peut servir.

Propriétaire des lieux, l’Entraide protestante de Toulon fait revivre, au travers de ce projet, une maison qui n’était plus guère utilisée. Autrefois Foyer de la jeune fille, puis Foyer de la jeunesse, le mas a ensuite été délaissé. Il est aujourd’hui entouré de deux Ehpad et, plus près encore, de « restanques » entretenues et fleuries. Derrière la maison, une colline odorante invite à la promenade. L’association s’est lancée dans l’organisation de cet accueil avec la collaboration de Valérie Alberty, travailleuse sociale embauchée à mi-temps, qui incarne cette solidarité de façon à la fois concrète et inspirée.

L'équipe des "testeurs" est à l'oeuvre... (© SD)

 

Tout le monde peut grandir

La jeune femme a derrière elle une belle expérience professionnelle. Éducatrice de jeunes enfants, elle a travaillé pendant 10 ans dans un centre d’hébergement mère-enfant en Seine-Saint-Denis et y a soutenu nombre de femmes ayant subi des violences. Elle se présente en citant aussi la halte de jour Germain Nouveau d’Aix-en-Provence, où elle a été bénévole à dix-sept ans, durant une année, auprès de personnes en grande précarité, sous la houlette du regretté Dominique Mazel. Des rencontres qui la portent encore aujourd’hui, dit-elle, dans ses positionnements professionnels et humains.

Pourquoi « Grandir ensemble » ? Il y a bien sûr toutes les raisons qu’on imagine pour ces mères et jeunes enfants : Valérie insiste sur l’importance de renforcer, de travailler le lien mère-enfant, pour donner des chances aux futurs adultes. Un travail de prévention et parfois de restauration. Mais « grandir ensemble » dit aussi que tous ou toutes, accueilli (e) s ou accueillant(e)s, sont susceptibles de « ressortir grandi (e) s » de tels échanges. La responsable met l’accent sur le respect, le sentiment de dignité, dans un espace où chacun pourra « se sentir attendu, avoir le sentiment d’être considéré, d’avoir de la valeur et de ne pas être jugé ». Elle souligne encore la nécessité de viser l’autonomie en aidant les personnes à trouver leurs propres solutions… Autant d’éléments déterminants dans les dynamiques qu’elle souhaite voir émerger autour de ces mères.

L’éducatrice a pensé chaque détail de cet accueil et elle en parle avec une conviction lumineuse. On ne doute pas, en l’écoutant, que ces femmes et leurs enfants en demande de repères trouveront à qui se confier pour avancer et grandir ! Ce qui est proposé là paraît être « en plus », gratuit, mais devrait s’avérer indispensable, car beaucoup de mères aux parcours dévalorisants ont de la peine à se raconter, et donc à évoluer au plan relationnel, dans des structures trop collectives.

En ce jour d’inauguration, différents responsables de services sociaux et organismes de solidarité locaux sont présents, attentifs à la démarche. Une démarche très simple, en fait, qui tient surtout à la qualité d’écoute – ce qui, en soi, requiert un professionnalisme et une éthique à toute épreuve.

 

Idées et partenaires

Imaginons maintenant… qu’une partie du jardin devienne le terrain d’une activité bienfaisante pour les mères accueillies… Qu’un collectif voie le jour si des amitiés et solidarités se tissaient entre les femmes qui auront fréquenté la structure… Les idées germent autour de cette cellule de vie, animée par une bonne fée ! Et toutes sortes de partenariats sont déjà évoqués pour faire passerelle vers ce nouveau lieu.

Le Conseil régional de l’Église protestante unie a contribué au financement de ce projet. Et c’était une satisfaction pour sa présidente, Sibylle Klumpp, de voir la participation du conseil à la naissance d’une nouvelle proposition. Dans son message, face aux professionnels, elle reprend les mots du président de l’Entraide protestante de Toulon, Alain Besançon : « Grandir ensemble est un espace laïque, oui, très clairement ». Mais, ajoute-t-elle, « c’est un espace qui est le fruit des valeurs partagées dans le protestantisme ». Une connexion évidente et sans ambiguïtés dans cette action chargée de promesses.

 

 

En savoir plus

Contact : grandirensemble83@free.fr

Séverine Daudé
Journal Échanges

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