S'attendre à Dieu
Elle est là, la question centrale de notre vie d’Église. Avons-nous le désir de voir notre espérance se réaliser ? Nous attendons-nous à Dieu ? Avons-nous le désir de voir la réalisation de ses promesses ?
On pourrait se dire : le désir, voilà bien quelque chose d’insaisissable et de dangereux ! Comment voulez-vous construire une stratégie sur le désir ? Mais justement, il ne s’agit pas de mettre en place des stratégies. Dieu n’est pas un grand stratège. Son idée d’incarnation, du point de vue stratégique, tient plutôt du fiasco. Son idée d’humanité d’ailleurs, soyons honnêtes, ce n’est pas fameux non plus ! Alors, dans notre vie et dans notre vie d’Église, nous attendons-nous à Dieu ? Sommes-nous assez éveillés pour discerner les traces de sa présence dans une assemblée vieillissante, des finances tristounettes et des bâtiments écrasants ? Sommes-nous disposés à nous laisser surprendre, là où rien n’est apparent ? Sommes-nous encore capables de sortir nos cinq ridicules pains, sans avoir peur de manquer, alors que c’est tout ce qu’il nous reste ?
Dans bien des lieux de notre Église, il ne reste que cela, cinq petits pains, même un peu secs. Mais de quoi nous plaignons-nous ? Dieu a toujours choisi ce qui est faible, depuis toujours et au mépris d’une logique stratégique. Vraiment, nous avons toutes nos chances ! Marie n’avait rien de remarquable et elle a été choisie pour porter l’espérance.?Je sais que certains sont fatigués, que beaucoup ne voient pas la relève arriver, que tous vous avez lancé le filet toute la nuit sans rien prendre. Et alors ? Vous poursuivez le travail lent et usant des disciples. Rien de nouveau sous le soleil.
Dans cette usure du quotidien, votre oreille est-elle encore attentive au passage silencieux du Seigneur ? Votre cœur peut-il encore brûler dans l’après-coup quand vous comprenez qu’il était là, présent dans cet instant où vous ne l’attendiez plus ?
Êtes-vous prêts à reconnaître sa voix quand il vous dira de relancer le filet de l’autre côté ? Dans d’autres lieux de notre Église, la dynamique va vers la croissance, des personnes nouvelles franchissent le seuil. Les sarments portent des fruits, c’est un beau sujet de reconnaissance. Attention toutefois à prendre soin de ceux qui ne marchent pas vite et n’arrivent pas à suivre les autres.
L’Église a besoin de tous. C’est comme un choral de Bach : enlevez une voix, n’importe laquelle, elle manque cruellement. Chaque voix séparément est intéressante, c’est vrai, mais pourtant c’est ensemble que les différentes parties délivrent cette harmonie parfaite : on ne peut rien ajouter ni retrancher. Il en va de même dans l’Église. Chacun a sa place. Il y est nécessaire pour que l’ensemble sonne juste.
Extrait du message d’Emmanuelle SEYBOLDT,
Présidente du Conseil national de l’EPUdF,
Au Synode national de Lezay, 10 mai 2018