Prendre soin de toute notre vulnérabilité
Les vagues de l’épidémie de la Covid 19 ont mobilisé de manière inédite les structures hospitalières et touché les missions de l’aumônerie.
Depuis mars, les visites en présentiel se poursuivent, avec un protocole d’informations, avec identification de la personne visitée. Les visites par téléphone ou par SMS se mettent en place.
L’illusion est forte d’appréhender la vulnérabilité humaine par le seul prisme du soin curatif, en excluant tout autre soin de support relationnel. Cela a suscité peur et bienveillance : peur de laisser entrer un porteur du virus et bienveillance « Merci d’accompagner cette dame, cela me conforte dans mon choix de soignant. » La chapelle devient un lieu où des soignants viennent prier, seuls. Une courte méditation y est affichée.
Une communion invisible
Cette crise a questionné notre rapport aux personnes âgées et à la finitude, nos difficultés à trouver les moyens de rester en lien avec les plus fragiles. Au milieu de la souffrance, des oasis de paix se dévoilent « Nous l’avons perdue et bien que n’étant pas croyante je vous remercie d’être allé la voir, car elle était croyante et vous étiez le seul à pouvoir lui rendre visite. »
Isolés de tous, mais en lien avec tous, des patients ont vécu cette communion : « Je me sens relié à toute la communauté et à Mon Seigneur. J’ai confiance. »
Des interdits subsistent
Lors de la deuxième vague, l’urgence de se protéger, de protéger les usagers a remis l’accompagnement à une place qu’il n’aurait pas dû quitter : patients Covid et non-Covid sont moins enfermés dans « la folie hygiéniste » du printemps, même en réanimation.
Nul ne sort indemne de la traversée de cette guerre sanitaire. La fatigue, les heures supplémentaires, le personnel contaminé, les congés non pris pèsent sur les soignants.
Toute crise développe des peurs, un repli sur soi, des fonctionnements liberticides, des accompagnements des vivants indignes. La résistance aux pratiques mortifères reste un défi, individuel et collectif.