Penser l’au-delà
Une controverse secoue le protestantisme de langue française à propos de l’éternité des peines de l’enfer entre 1730 et 1770.
Une controverse secoue le protestantisme de langue française à propos de l’éternité des peines de l’enfer entre 1730 et 1770. Elle marque le passage entre un paléoprotestantisme et un néoprotestantisme. Il faut être courageuse à cette époque, en tant que femme, pour se lancer dans l’écriture théologique sur ce sujet scabreux : c’est le cas de Marie Huber, née en 1695 à Genève et morte en 1753 à Lyon. Jean Jacques Rousseau l'a lue, et certaines thèses de la Profession de foi du Vicaire savoyard (Émile, Livre IV) rappellent les siennes.
Sous forme de lettres écrites à un mystérieux correspondant et contradicteur, Marie Huber, dans une première partie, nie l’éternité des peines au nom de la bonté de Dieu. Dans la seconde partie, davantage théologique et philosophique, elle se situe plus dans le camp protestant. Elle considère que le but de la Réforme est de supprimer ce qui s’est ajouté au christianisme primitif. Mais elle pense aussi que la Réforme doit être continue, ce qui renvoie plus au piétisme qu’à l’orthodoxie réformée. Ce livre est à déguster longuement car c’est une mine d’idées fraîches - malgré son âge ! L’introduction et les notes d’Yves Krumenacker sont d’un grand intérêt pour se mettre dans l’ambiance et dans ce débat un peu oublié en 2016 mais, ô combien, utile.
En savoir plus
Un purgatoire protestant. Essai sur l'état des âmes séparées des corps, Marie Huber, Labor et Fides, 2016, 320 p., 26 €.