Pasteur Frédéric Desmons
Pasteur, député puis sénateur, président du Conseil du Grand Orient de France. Voilà un homme qui a su s’engager et défendre avec force ses convictions. Cet homme est né à Brignon dans le Gard.
Protestant convaincu, il fait des études à Nîmes avant d’aller étudier à la Faculté de théologie de Genève, afin de se préparer à devenir pasteur. Il devient pasteur de l’Église réformée à Ners, dans le Gard, près de son village natal, Vals, en Ardèche et enfin à Saint-Geniès-de-Malgoirès dans le Gard, autre commune située à quelques kilomètres à peine de Brignon.
Il quitte son ministère pastoral en 1881, lorsqu’il devient député radical. Il est député du Gard de 1881 à 1894. De 1894 à 1909, il est sénateur du Gard. Il est vice-président du Sénat de 1902 à 1905.
Précurseur, il est opposé au cumul des mandats et, à ce titre, il ne fut jamais maire de Brignon.
Frédéric Desmons met toute sa ferveur dans le combat républicain, notamment pour la défense de la laïcité des institutions et la séparation de l’Église et de l’État et les lois sur les associations.
Frédéric Desmons franc-maçon
Il est initié le 8 mars 1863 au sein de la Loge L’Écho du Grand Orient de France (GODF) à Nîmes. Il quitte cette loge en 1867 pour fonder, à Saint-Geniès-de-Malgoirès, un autre atelier, avec un titre distinctif qui lui convient mieux : Le Progrès.
Il est, dès 1873, membre du Conseil de l’Ordre du GODF. Il en devient l’une des figures majeures pendant plus de 35 ans. Il est élu président du Conseil de l’Ordre du GODF à cinq reprises jusqu’à sa mort.
La Querelle du Grand Architecte
Cette contestation est née de la lutte contre l’obligation de croire en Dieu pour être franc-maçon. Lors du Convent du GODF de 1865, l’article 1 de la constitution est rédigé ainsi : « Elle a pour principe l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme et la solidarité humaine. Elle regarde la liberté de conscience comme droit propre à chaque homme et n’exclut personne pour ses croyances ». Le bouleversement intervient lors du Convent du Grand Orient de France de 1877 avec la célèbre querelle du Grand Architecte.
C’est Frédéric Desmons qui est nommé rapporteur du désormais célèbre vœu n° 9.
Frédéric Desmons, très éloquent
« […] Nous demandons la suppression de cette formule parce qu’elle nous paraît tout à fait inutile et étrangère au but de la Maçonnerie. Quand une société de savants se réunit pour étudier une question scientifique, se sent-elle obligée de mettre à la base de ses statuts une formule théologique quelconque ? — Non n’est-ce pas ? — Ils étudient la science indépendamment de toute idée dogmatique ou religieuse. — Ne doit-il pas en être de même de la Maçonnerie ? Son champ n’est-il pas assez vaste, son domaine assez étendu, pour qu’il ne lui soit point nécessaire de mettre le pied sur un terrain qui n’est point le sien ?
Non. Laissons aux théologiens le soin de discuter des dogmes. Laissons aux Églises autoritaires le soin de formuler leur syllabus. - Mais que la Maçonnerie reste ce qu’elle doit être, c’est-à-dire une institution ouverte à tous les progrès, à toutes les idées morales et élevées, à toutes les aspirations larges et libérales [...] »
Le Convent de 1877 suit Frédéric Desmons et le nouvel article 1er est rédigé comme suit : « La Franc-Maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale universelle, des sciences et des arts et l’exercice de la bienfaisance. Elle a pour principes la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. Elle n’exclut personne pour ses croyances. Elle a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité. » Cet article est encore — à peu de choses près — l’article 1 de la Constitution du GODF.
Une loge du Grand Orient de France porte le titre de Frédéric Desmons Laïcité.