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Rencontre

Paroles partagées

01 février 2017

« Moi, je respecte toutes les religions… Mes voisines et amies ne croient pas comme moi. Mais c’est vrai qu’on n’en parle jamais ! » Voici un des témoignages recueillis par les centres sociaux d’Annonay et diffusés lors de l’après-midi Paroles partagées le 3 décembre dernier.

On ne sait pas comment parler de sa foi, ou de ses doutes, avec d’autres. En cause ? Un a priori selon lequel il vaut mieux éviter ce sujet sensible, et surtout, une méconnaissance considérable tant du fait religieux que de la laïcité « à la française ». Dans certains endroits, le dialogue interreligieux est bien institué. Ailleurs, des associations à destination des enfants ou des jeunes connaissent une audience croissante. Mais à Annonay, malgré les coups de boutoir de l’actualité, les efforts pour constituer un espace de dialogue entre les religions tardent à produire du fruit.

Initiative de conteurs

C’est d’une association de conteurs, en lien avec les centres sociaux, qu’une initiative a germé. Les petits plats étaient mis dans les grands : une salle municipale spacieuse et confortable, une garde d’enfants, des œuvres réalisées par de jeunes Annonéens, des interludes contés, de quoi se restaurer et se rafraîchir… Et plus d’une cinquantaine d’habitants venus écouter et débattre avec des intervenants de qualité. Au lieu d’écouter un membre de chaque monothéisme présenter sa foi, un journaliste au Monde des religions, enseignant et chercheur, Éric Vinson, dresse en 90 minutes un panorama du judaïsme, du christianisme, et de l’islam. Son exposé, très accessible tout en demeurant rigoureux, a l’immense intérêt d’être transversal.

Prise de distance

L’intervenant a notamment expliqué que les religions sont les seuls systèmes de réponses possibles à trois questions de sens : le plan éthique (quelle orientation pour ma vie ?) ; le plan de la signification et notamment l’enjeu du symbole (qu’est-ce qui est vrai ? qu’est-ce que cela veut dire ?) ; et enfin sur le plan du ressenti, de l’incarné (qu’est-ce que je peux vivre « avec mes tripes » ?). Pour lui, les religions créent du lien et une pensée du global nécessaire à l’être humain. L’échange avec la salle permet d’entendre un souhait très majoritaire d’une meilleure éducation au fait religieux.

La parole est ensuite confiée à deux enseignants en philosophie, pour un échange sur la possibilité de penser philosophiquement la religion, l’un assumant un parcours de foi, l’autre plus distant à l’égard des religions. Leur dialogue rappelle à chaque croyant que l’on peut prendre de la distance par rapport à sa foi, pour mieux la comprendre, et pour pouvoir aussi entrer en relation avec l’autre.

David VELDHUIZEN
pasteur à Annonay

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