Luther sort du cadre
Le 28 mars, au Centre œcuménique Saint-Marc, la Compagnie de la Marelle a donné devant un parterre nombreux le coup d’envoi des événements grand public de la commémoration grenobloise des 500 ans de la Réforme, avec la pièce « Painting Luther » de Jean Naguel.
En scène deux comédiens, Giliane Bussy et Hubert Cudré, incarnent respectivement Giulietta, jeune peintre astreinte à des travaux alimentaires, et Luther, revenant intrusif et protesta…taire.
C’est nul, ce tableau !
« Copier un tableau de Cranach pour célébrer la Réforme au XXIe siècle, c’est nul ! Ce tableau ne raconte rien ! Je pose comme un marchand de fromage… » Exaspéré, Luther sort de la copie commandée à l’artiste par un pasteur de bonne volonté. Il s’emporte. Il rappelle que l’Église de son temps construisait à la gloire de Dieu des basiliques « avec la peau des brebis ». Il redit sa révolte contre l’idée du Dieu du jugement qu’elle prêchait alors. Il évoque à voix forte son itinéraire de moine rebelle, la maturation de sa théologie réformatrice, l’affichage des 95 thèses contre les indulgences à Wittenberg, la Bulle du Pape jetée au feu, le refus de céder aux pressions de la Diète de Worms, sa mise au ban de l’empire…
Face à son interlocutrice à la fois contrariée par l’importun et impressionnée par sa force de conviction, il assume. Les prophètes ne mâchaient pas leurs mots ? Lui non plus ! Oui, il formule une doctrine de la grâce divine en rupture avec la pratique catholique !
À la santé des réformants !
D’un commun accord, les deux protagonistes abandonnent peu à peu l’idée de réduire tout cela à quelques images convenues et nous voilà apostrophés au présent, sur les maux de notre époque, appelés à être réformants plutôt que réformés.
Heureux d’être venus, d’avoir été secoués, bousculés et interpellés de belle manière — au nom de Luther. Et finalement, le seul déçu de l’affaire sera le pasteur conventionnel qui aura dû faire une croix sur son tableau !
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