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L’accueil de la poésie

Les fantaisies et la mémoire d’un café-rencontre

01 octobre 2020

La paroisse de l’Église protestante unie du Chambon-sur-Lignon a accueilli les éditions Jas sauvages dans son temple pour deux manifestations estivales, les 19 et 21 août.

Le 19 août, il s’agissait d’un café-rencontre, dans l’après-midi, et le public était plus nombreux que prévu. Nous avons eu l’occasion de projeter sur le mur du temple, juste en dessous de la chaire monumentale : « Dieu aime-t-il la poésie ? » Il nous a bien fallu deux heures pour y répondre, en passant des épîtres de Paul et de Jacques a? Jacques Dutronc et Paul Éluard. Jacques Dutronc, oui, avec son « Le fond de l’air est frais, la hi ho ! la hi ho ! » qui rappelle comment la poésie invente son langage et ses images pour évoquer une réalité invisible, mais pourtant sensible.

Nous avons ensuite observé sur des diapositives la physionomie de ces poètes nombreux qui, au XVIe siècle, puis dans les siècles suivants, ont élaboré une poésie de la foi, dans le cadre d’une identité protestante. A? la suite de ce tour d’horizon, il restait a? voir comment cette tradition poétique se prolonge de nos jours pour inventer de nouveaux modes d’expression de la foi, lors de la soirée de poésie et de musique du 21 août.

L’élan de la soirée de musique et poésie

Le temple bascule dans la nuit, lumières éteintes et Étienne Pfender tisse sur son violon l’écrin de la musique de Bach pour accueillir les textes de Michel Block, ses propres haïkus bibliques et la méditation poétique de Nicolas Dieterlé. L’atmosphère est concentrée et recueillie, un peu mystérieuse, pour tout dire.

Ce sont Sylvie Barrot, Éric Buscarlet et André-Jacques Exbrayat, trois paroissiens du Chambon, qui les interprètent, avec toute leur sensibilité et leurs tripes. Ils ont a? cœur de faire résonner et exploser l’émerveillement de Michel Block devant les moindres signes de profusion de la nature, la recherche spirituelle de Nicolas Dieterlé a? travers la contemplation des pastels offerts par les paysages ardéchois, ou l’indomptable profession de foi du Job imaginé par Étienne Pfender :

rien rien contre Dieu?
jamais ne proférerai
mon Eden en moi

Les accents des lecteurs sont convaincus, véhéments.?Lorsque les résonances de la dernière note s’éteignent, tout le monde est en communion, un peu interloqué et rempli des mots et des paroles des poètes, ne se souvenant pas d’avoir participé antérieurement a? un événement du même type.

Jacqueline Assaël
créatrice des éditions Jas sauvages

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