Les Abeillères

Quand on parle d’un vieux mas cévenol aux protestants français, la guerre des Camisards n’est jamais très loin. On se remémore, comme à une veillée ancienne, le temps de ces luttes où les ancêtres sublimés luttaient âprement pour retrouver leur liberté de conscience. Dans un large sourire, le pasteur Daniel Bourguet recadre l’historicité du lieu. On vient se ressourcer aux Abeillères depuis une trentaine d’années seulement. N’en faisons pas un lieu de pèlerinage.

Aller se ressourcer

Daniel Bourguet précise que ce sont des retraites volontaires et individuelles. « Ce que recherchent les retraitants ? Dieu. Ils cherchent à réancrer leur foi, faire le point sur leur volonté de s’engager. »

On devrait peut-être tous réfléchir à ce temps de ressourcement pour vivre ses engagements et réfléchir à notre disponibilité. Ces temps de retraite se font en silence. Pas un silence vide et froid, mais un silence pour accueillir la prière.

Vous voulez vivre un temps de vacances autrement ? Venez aux Abeillères. Venez interrompre le temps de votre vie parfois surmenée pour vous recentrer, vous retrouver. Ces temps de silence et de prière permettent de remettre à Dieu notre surmenage. Si les vacances sont un temps de repos, une retraite aux Abeillères est un temps de renaissance en se vivifiant à la source de la Parole.

C’est environ une douzaine de personnes qui peut être accueillie sur le lieu en chambre individuelle. Le but est de favoriser la coupure avec le monde, de se recentrer sur la prière et de pouvoir ainsi être ouvert à Dieu. Des pierres blondes, un vieux mas romantique, trente hectares de forêts : un cadre porteur de spiritualité, un lieu isolé du monde, dans le silence de la nature. Cette nature permet aussi de s’ouvrir à la prière. Vous ne venez pas pour y randonner, mais pour vous en inspirer.

Les trois offices rythment la journée du retraitant. En plus des temps de prière et de recueillement, les pensionnaires peuvent participer à l’entretien des lieux (intérieurs et extérieurs) ou diverses tâches ménagères quotidiennes, ainsi qu’à la préparation de conserves et autres confitures. Ils peuvent aussi demander au pasteur Bourguet des entretiens, tous les retraitants sont reçus s’ils le demandent.

Vivre dans la prière

On doit la fondation de la Fraternité spirituelle des Veilleurs au pasteur Wilfred Monod. Il n’aura de cesse toute sa vie de développer la méditation de la Bible, la prière et la vie spirituelle, sans laquelle il n’y a pas de vie chrétienne. Il fonde ainsi, en 1923, le tiers-ordre protestant des Veilleurs, avec pour devise : Joie, simplicité, miséricorde !

En 2003, la Fraternité se voit confier la gestion des Abeillères. À l’origine, un couple de Néerlandais restaure patiemment les lieux et le lègue à l’Église protestante morave avec pour mission d’en faire un lieu d’accueil et de ressourcement spirituel. Il a été tout d’abord confié, au milieu des années 1980, aux sœurs de Pomeyrol qui ont fait construire la chapelle actuelle. Les Veilleurs y arrivent en 2003 et, depuis ce jour, gèrent l’accueil des retraitants.

Si le lieu est préservé, si la nature y est protégée, la lutte est de chaque instant. Un projet de site de motocross a mis en danger la tranquillité de la vallée. De nombreux protestants se sont insurgés contre cette menace. La presse protestante a relayé les messages. Finalement, les Abeillères préserveront le silence.

Daniel Bourguet vous invite nombreux à venir pour une retraite aux Abeillères. Quelques questions pratiques sont d’usage. Les bâtiments anciens sont reliés par de vieux escaliers en pierre. Ainsi, l’accueil est difficile pour des personnes à mobilité réduite. Il est plutôt conseillé d’y venir seul, le calme et le silence ne sont pas toujours compatibles avec la vie de famille. Même si vous venez pour un temps de vacances, le lieu n’est pas fait pour « prendre des vacances », mais vraiment pour s’y ressourcer. L’idéal est de réserver, mais, avec un peu de chance, même en vous y prenant au dernier moment vous pourrez peut-être trouver une place…