Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !

Le disciple (Uchenik)

01 décembre 2016

Grand lycéen, Venia inquiète sa mère par son refus d’aller en classe de natation. Il en donne une raison religieuse en condamnant les filles en bikini.

Et son fondamentalisme va s’exprimer de plus en plus ouvertement et violemment : il plonge tout habillé dans la piscine, il se dénude lors du cours d’éducation sexuelle, et se déguise en singe pour vitupérer l’évolution des espèces. Sa Bible toujours à portée de la main, il excelle à en extraire les citations les plus déroutantes pour affirmer ses lubies, fustiger et menacer qui lui déplaît, et pour alimenter ses haines – homophobie, misogynie, antisémitisme.

Les explosions purificatrices de Venia sont impressionnantes et le film est intense, mais ce n’est pas le délire d’un ado excité qui fait son sujet principal : c’est la passivité des adultes et des responsables face à lui. On sera peu étonné de ce que sa mère rejette la faute sur les autres, on le sera davantage devant le pope assez satisfait d’une ouaille aussi convaincue, mais il est consternant de voir la principale du collège et plusieurs enseignants minimiser la gravité des propos et des actes de l’énergumène, voire chercher des accommodements avec ses violentes injonctions, comme en prescrivant désormais l’emploi du maillot une pièce ou l’enseignement du créationnisme à côté du darwinisme. Seule la professeure de sciences naturelles, cible principale des invectives de Venia, refuse de céder à la lâcheté ambiante.

Seremennikov entend, dit-il, dénoncer l’influence grandissante de la religion orthodoxe en Russie ; la pièce dont il s’inspire, Martyr du Bavarois Marius von Mayenburg, s’inquiète du fanatisme catholique ; et les enseignants de nos banlieues musulmanes ont eux aussi à connaître de ces manipulations fondamentalistes au service de l’obscurantisme. Faut-il se rassurer de ce bel œcuménisme ? « Le sommeil de la raison engendre des monstres », disait Goya.


Fiche technique :

Film russe (2016, 1 h 58) de Kirill Seremennikov.

Scénario : Kirill Seremennikov ; images : Vladislav Opelyants ; montage : Yury Karikh ; musique : Ilya Demustky.

Interprétation : Petr Skvortsov (Veniamin), Julia Aug (sa mère), Viktoriya Isakova (la professeure de biologie), Aleksandr Gorchilin (son collègue), Aleksandra Revenko (la principale).

Jacques VERCUEIL
association Pro-Fil

Commentaires