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La Maison des Oisillons

Le choix de la fraternité et de la solidarité

01 octobre 2018

Après la cession de la maison de retraite Les Mûriers, à Saint-Sauveur-de-Montagut, à la Fondation des Diaconesses de Reuilly, l’Association évangélique de bienfaisance de l’Eyrieux et du Doux (AEBE) s’est investie dans un nouveau projet de logement, en reprenant la Maison des Oisillons, à Lamastre. Début novembre, le vaste chantier de rénovation de cette maison arrivera à son terme et permettra l’accueil des premiers locataires qui s’inscriront dans une démarche fraternelle et solidaire.

Ce sont de vieux bâtiments en pierre, posés sur la pente de la montagne ardéchoise, juste au-dessus de Lamastre, au milieu de la verdure. Anciennement utilisés comme maison d’enfants à caractère social, ils ont été vendus à l’UNAPEI (Union nationale des amis et parents de personnes handicapées mentales – anciennement d’enfants inadaptés) qui, n’ayant pas les moyens de remettre aux normes ces constructions à moitié délabrées, les a cédées pour une bouchée de pain à l’AEBE (Association évangélique de bienfaisance de l’Eyrieux et du Doux). Il a fallu longtemps pour que soit choisi le projet d’une maison solidaire et intergénérationnelle, après l’évocation d’un lieu de ressourcement pour les chrétiens en recherche et de plusieurs autres idées similaires. Enfin, en 2011, le choix est définitif. Le conseil d’administration de l’AEBE entre en contact avec Jean-Michel Marlier qui sera l’architecte de ce projet.

La Fermette, prête à accueillir une famille (© Olivétan/GM)

 

Quant aux artisans, ils sont localisés à Lamastre ou dans les villages alentour : Saint-Julien-Labrousse, Désaignes, Saint-Prix, Saint-Basile. Il y a fort à faire pour rénover et mettre aux normes ces bâtiments, et les frais s’élèvent à environ 1 million d’euros. Le plus gros de cette somme est couvert par un prêt de la banque. Mais les dons (75 cotisants de l’AEBE, d’autres particuliers, mais aussi des ensembles plus importants comme d’autres associations) et autres subventions représentent tout de même une importante proportion. Par ailleurs, l’association organise divers événements pour récolter des fonds : participation au vide-grenier de la commune, portes ouvertes pour faire connaître le projet, concert prévu au mois de novembre…

Les dépendances : siège de l’association et salle de silence (© Olivétan/GM)

 

Investir pour permettre une solidarité

Le domaine est constitué de cinq bâtiments, la Maison de maître, la Grange, la Fermette et deux dépendances. Les trois premiers pourront accueillir des locataires (la Fermette est aménagée pour une famille, les deux autres bâtiments accueillent plusieurs appartements pour des personnes seules ou des mamans avec un enfant). Quant aux dépendances, l’une servira de bureau à l’association et l’autre de salle de silence, où les habitants pourront venir prier, méditer ou se ressourcer. Des parcelles de jardin pourront être attribuées aux locataires s’ils le souhaitent ; des panneaux photovoltaïques devraient être installés d’ici peu sur les toits, et tous les appartements de la Maison de maître sont adaptés aux personnes à mobilité réduite. Par ailleurs, certaines installations comme les machines à laver seront communes à tous les habitants. Enfin, un panneau d’affichage permettra à chacun de demander de l’aide ou de proposer des services. Laure Bourliataud, membre du conseil d’administration de l’AEBE, explique : « Les gens se rendent compte que sans les autres, on n’est pas grand-chose. »

La Maison de maître avec sa véranda (© Olivétan/GM)

 

Une expérience humaine à partager

Les membres de l’AEBE attendent beaucoup de ce projet. Attirer des gens à Lamastre, petit village perdu dans la campagne ardéchoise, devrait (dans une moindre mesure) permettre de combattre l’exode rural et donner un point de vue différent sur la campagne. Par ailleurs, ils espèrent que cela « sera inspirant pour les communes alentour » et permettra de créer d’autres projets solidaires. Ils souhaitent développer au sein du domaine un esprit d’entraide et de solidarité, ce qui pourrait être facilité par la localisation du site, assez éloigné des grandes villes. En effet, les locataires auront tout intérêt à s’entraider pour les trajets !

 

Ce projet s’adresse à tous ceux qui ont envie de vivre une expérience humaine partagée. L’association sélectionne soigneusement ses futurs locataires, car ils doivent être capables de vivre en collectivité, ce qui requiert un certain profil et des qualités importantes. L’AEBE recherche des personnes de tous âges : retraités, étudiants, familles. Pour l’instant, quatre des appartements de la Maison de maître seront occupés par des personnes âgées, et une famille envisage la possibilité de s’installer dans la Fermette (dont les travaux sont déjà pratiquement terminés). Autre caractéristique du projet : les loyers sont assez réduits, favorisant ainsi les ménages à faible revenu ou en difficulté financière. Ce sont donc divers milieux sociaux et tranches d’âges qui devraient se mélanger aux Oisillons.

Autre point de vue de la Maison de maître… encore en travaux ! (© Olivétan/GM)

 

S’appuyer les uns sur les autres

L’AEBE est également en relation avec d’autres organismes qui se sont lancés dans ce type de projet. « On cherche à comprendre les erreurs des autres, pour ne pas les refaire. » Comme c’est la première fois que l’association se lance dans de gros travaux, ces exemples leur sont précieux. « Comme on n’a pas de recul, on est obligé de faire confiance à ceux qui ont déjà fait construire ». Laure estime qu’ils sont chanceux : ils n’ont jamais eu de gros problèmes dans les travaux, pas d’imprévus handicapants, pas de retards importants. Certes, c’est toujours difficile, quand un membre de l’association se retire du projet, par exemple ; cela remet en cause beaucoup de choses. La majorité des membres du CA présents lors de la fondation du projet ne font désormais plus partie de l’association. Mais, au fond, on garde la tête haute et le projet avance. Début novembre, la Maison de maître sera habitable et les premiers locataires pourront emménager !

 

Claire MOYEN,
stagiaire de 2de au journal Réveil

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