La maison de Villeméjane

À la sortie de Valleraugue en direction de l’Espérou, le long de l’Hérault se dresse la maison de Villeméjane. Sous des allures de maison bourgeoise se dévoile toute l’histoire agricole des Cévennes.

Du petit cimetière familial à la clède, en passant par le fenil, tout sent bon le passé protestant des bâtiments et l’empreinte de ces vallées cévenoles : « Esprit qui les fit vivre, anime leurs enfants, pour qu’ils sachent les suivre », nous fait chanter Ruben Saillens. Sur la terrasse à l’ombre de deux énormes platanes, les médias protestants (Radio FM Plus et Le Cep) sont reçus. Conférence de presse au sommet. Villeméjane redémarre ses activités. Nouvelle association, nouveaux statuts, nouvelle convention avec la paroisse, nouveaux accueillants, la maison rouvre ses portes à tous dans ce lieu d’Église.

S’ouvrir aux autres

La vocation du lieu est vaste. De l’accueil de personnes individuelles aux groupes de scouts, la maison est ouverte à tous ceux qui veulent passer une nuit, un temps de vacances ou de retraite. Petits gîtes, vastes chambres, paysage bucolique aux fenêtres, c’est un lieu qui invite au partage et à l’échange. On peut y venir pour rien, juste pour le plaisir ou pour travailler. Des artistes choisissent ce bel endroit pour y faire des résidences. Le chœur de l’opéra de Montpellier et son chef y organisent une master class. La paroisse aussi utilise l’endroit puisque tous les mois se tient un atelier peinture, organisé par la communauté protestante de Valleraugue. C’est un lieu enchanteur qui ne laisse pas indifférent.

Un lieu d’Église

Si l’association des amis de Villeméjane gère la maison, le propriétaire est la paroisse de Valleraugue. Tous tiennent à ce que le lieu, par son histoire et son passé, soit un lieu d’Église. Parmi la quantité des bâtiments, dans une ancienne clède, une petite chapelle a été installée. De temps en temps, prières ou cultes s’y déroulent au gré des activités d’Église.

Ce lieu particulier est une autre manière de vivre l’Église. Il permet de trouver de nouveaux chemins, de rencontrer de nouvelles personnes, de les toucher. On pense souvent que les grandes villes sont propices à la nouveauté, à l’innovation, à la création, que dire alors de ces projets fabuleux qui naissent dans ce monde rural protestant. Des initiatives nouvelles, une ouverture aux autres, de véritables lieux d’Église et de témoignage. Parce qu’ici la communauté protestante veut témoigner de son engagement dans le monde, allier des week-ends bibliques à des réflexions profondes sur l’écologie, accueillir les étudiants de l’Institut protestant de théologie de Montpellier et protéger ce cadre de vie grandiose que l’être humain abîme continuellement.

C’est une profonde réflexion qui anime l’association des amis de Villeméjane pour mettre en valeur ce lieu.

Être accueillis

Les forces vives de l’association sont très investies pour maintenir le lieu en état et le développer. De nombreux membres du Conseil presbytéral et de la paroisse donnent de leur temps chaque fois qu’il y en a besoin. Mais pour l’ouvrir toute l’année, deux résidents bénévoles, Sébastien Chailleux et Benjamin Courtault sont installés dans la maison, en échange de quoi, ils s’occupent d’une partie des terrains, de l’entretien du lieu et de la communication. Une des demandes de l’association était que les résidents aient une activité rémunérée, leur permettant de vivre dans le lieu. Le profil des deux résidents ne peut pas laisser indifférent. Sébastien est responsable du développement de l’ONG La Voûte Nubienne dont le siège social est à Ganges et qui promeut les constructions traditionnelles en terre crue en Afrique. Benjamin est illustrateur et sérigraphe. Son atelier est installé en résidence, avec d’autres artistes, dans la monumentale filature du Mazel, elle aussi en bordure de l’Hérault. Leur ouverture d’esprit, leur travail et leurs engagements respectifs, leur installation dans ce lieu correspond à leur envie de commencer une nouvelle vie.

Une histoire

Le pasteur Jean-Pierre Rives, président de l’association, et Christine Leenhardt, la secrétaire, nous racontent l’histoire du lieu. En 1945, la maison est léguée à la paroisse par les derniers propriétaires pour que ce lieu serve au repos des pasteurs. C’est à cet usage que la maison est dévolue pendant plusieurs années. Puis, le lieu est occupé par une communauté de sœurs protestantes issues de la communauté de Pomeyrol. Elles créeront leur propre communauté, les sœurs de Villeméjane. Quand cette communauté se dissout, il a fallu trouver une nouvelle destination aux bâtiments. La paroisse n’a pas voulu les vendre, solution de facilité, elle a préféré les ouvrir aux autres. Ils sont alors devenus un lieu d’accueil conservant une vie liturgique. Année après année, le lieu a perdu un peu de son énergie. La nouvelle association a décidé de relancer le lieu et de lui donner une nouvelle vie avec l’aide de Benjamin et Sébastien.