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Les gens d’en haut

Entre schiste et granit

15 février 2019

Lors du dernier synode régional de novembre 2018, au Lazaret à Sète, un vif débat a animé les séances. Doit-on poursuivre les « soins palliatifs » dans certaines paroisses isolées, voire abandonnées ? Les réactions furent vives. Les prises de parole ont montré le dynamisme de certains lieux bien vivant encore. Cela a mis en lumière l’antagonisme traditionnel entre ville et campagne. Et pourtant que serait l’une sans l’autre ? Les interactions sont plus nombreuses que nous le pensons. Partons ensemble à la découverte de Vialas, Génolhac, le Pont-de-Montvert, Saint-Privat et Le Collet-de-Dèze.

Deux roches viennent qualifier cette région protestante. Même si nous avons l’habitude de qualifier ainsi le caractère cévenol, c’est bien de la chaleur humaine que l’on retrouve en haut, au pied du mont Lozère. Certains pensent que dans les articles du Cep, la tendance serait de trouver des articles ne montrant que le positif des situations, que de l’optimisme. Eh bien, encore une fois, c’est le cas !

Dans ce secteur, les gens qui fréquentent l’Église sont heureux. Heureux de se retrouver, heureux de partager ensemble, heureux de ce que vit leur communauté.

Bien sûr, le portrait est vite brossé, tout n’est pas si simple, il y a eu et il y a encore des difficultés à surmonter. Mais tous envisagent l’avenir avec sérénité.

Le temple de Vialas, un des plus anciens de France (© Robert Coudurier)

 

Le lien au cœur

Dans cette zone de montagne, l’éloignement géographique et les routes sinueuses demandent une attention particulière. Il faut créer du lien et le maintenir. Pour les membres de la paroisse, même si leur rôle est essentiel dans le maintien des relations, tous considèrent, avec leur pasteur, que la visite pastorale reste primordiale. Une attention, une prière, c’est ce qui maintient ce lien fort. En ce début d’année, 300 lettres personnalisées ont été envoyées par la pasteure Fabienne Ambs-Szafarczyk. Un mot pour chacun, une attention pour tous. Et les membres des conseils presbytéraux se réjouissent de toutes ces attentions.

Dans ce secteur, historiquement, il y avait plusieurs paroisses. Au fil du temps et de la désertification rurale, elles ont décidé de se regrouper. Cela ne s’est pas fait sans douleur. Mais le résultat est là : ils considèrent faire partie d’une grande famille. Pour exemple, le réveillon du 31 décembre a été organisé par les membres de la communauté.

Pour eux, le ministère pastoral est un ministère d’unité et de lien.

Ce lien se vit aussi dans les nombreuses activités des paroisses : veillées, voyages, partage biblique et j’en oublie sûrement. Des paroisses qui vivent l’Évangile.

Jeudi de l’Ascension à Grizac (Le Pont-de-Montvert) (© Robert Coudurier)

 

Un œcuménisme fort

Ce lien dépasse largement le cadre de la communauté protestante. L’Église catholique connaît les mêmes difficultés dans cette zone d’altitude. Les liens se sont naturellement renforcés. Les échanges sont forts. Catholiques et protestants de Lozère s’invitent régulièrement pour des événements forts comme pour la vie au quotidien. Il n’y a aucune lutte de pouvoir, mais un grand respect des pratiques de chacun. « Cela peut se vivre parce que c’est aussi la Lozère » confie le petit groupe rencontré.

Lors du synode régional de 2018, un projet de décision a inclus la pluriappartenance religieuse. Pour le secteur schiste et granit, cette donnée est essentielle : ils la vivent. En effet, les ponts reliant les deux communautés sont très forts. Lorsqu’il n’y a pas de messe, les catholiques vont au culte. Les échanges sont nombreux et la célébration œcuménique au sommet du mont Lozère connaît un immense succès. Une réelle fraternité unit toutes ces communautés.

Baptême à la chaire d’Abraham Mazel aux Vernets (© Robert Coudurier)

 

Et les personnes dans tout ça

On sait la facilité qu’ont certaines communautés protestantes à pleurer sur un passé révolu. C’était mieux avant… Il n’y a plus que des personnes âgées… où sont les jeunes ? Voici la sage réponse de Fabienne : « Il faut savoir faire avec ceux qui sont là et pas faire avec ceux qui ne sont plus là. » La population est âgée ? Et alors, faisons pour eux ! Ils sont présents. Au Pont-de-Montvert, il y a un tissu social très agricole et donc beaucoup de jeunes sont présents sur le territoire. La communauté protestante a conscience qu’ils ne sont pas toujours disponibles. Elle veille sur eux, l’école biblique accueille leurs enfants, mais surtout elle ne veut pas les brusquer en les embarquant dans des activités forcées. « Il faut s’adapter… on passe après le foot ? Ce n’est pas grave. On est là ! » Plutôt que de séparer les générations en créant un groupe de jeunes couples, ils préfèrent mélanger les générations. Ainsi, les jeunes familles peuvent librement s’impliquer. Ce sont eux, entre autres, qui organisent le loto du Pont-de-Montvert.

 

Encore un bel avenir

L’Église ne nous appartient pas. Ce qui est vécu est vécu. Ne nous soucions pas de l’avenir. Pour toutes les personnes rencontrées, le ministère pastoral est primordial. Son regard extérieur et son expérience permettent à la communauté de vivre et de franchir des caps parfois difficiles. Alors oui, il faut de l’énergie, il faut de l’implication. Le pasteur est au service de la communauté, il ne peut pas mettre un mur entre sa vie privée et la vie de sa paroisse.

Pour tous, il n’est pas question de soins palliatifs. Il ne faut surtout pas culpabiliser les gens, mais faire avec les forces présentes, et elles sont encore nombreuses et continuent de se renouveler.

Alors oui, soyons francs. Cela est dû au pasteur et à l’équipe qu’il a su constituer autour de lui. Énergie, volonté, envie, accueil, tous ces mots résument l’ambiance qui règne dans cette montagne. Mais vous, gens de la plaine ou du reste de la France, vous le savez n’est-ce pas ? Chaque été quand vous revenez ouvrir les volets de votre maison de famille. C’est cela que vous venez rechercher. C’est là que vous venez vous ressourcer.

« Venez, voyez et vivez ! »

En savoir plus

Le presbytère de Génolhac est disponible toute l’année pour des séjours de repos pour des pasteurs ou des personnes engagées dans l’Église. En contrepartie, il est demandé un don pour couvrir les frais. Il est aussi possible de donner un coup de main pour un culte, pour une activité d’Église ou pour un bricolage, il suffit de voir avec le pasteur.

Contact :

Lise Jouve, Tél. 06 20 00 49 44

presbytère de Vialas, Tél. 04 66 41 00 09

Nicolas Boutié
journal Le Cep

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