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Conférence

Ces caricatures qui nous provoquent

01 janvier 2017

Le 29 septembre dernier, le pasteur Jean-Pierre Sternberger, bibliste régional, a présenté au temple de Lyon-Terreaux une conférence plaisamment intitulée : Ces dessins que l’on ne saurait voir.

Cette soirée concluait une semaine d’exposition, rue Lanterne : Traits d’esprit, des images pour ne pas se prosterner. Ces caricatures, présentées initialement à la Faculté de théologie protestante de Paris, avaient été rassemblées bien avant le massacre à Charlie Hebdo, mais, du fait de l’événement, elles n’étaient pas passées inaperçues ! L’équipe qui avait installé les panneaux dans notre temple avait eu le souci d’écarter toute représentation provocatrice et de se cantonner dans le registre d’un humour paisible. Objectif atteint, semble-t-il : les visiteurs sortaient du temple avec des mines amusées ! De fait, les dessins tout en taquinant gentiment notre foi chrétienne ou notre appartenance huguenote, ne versaient jamais dans le dénigrement et pouvaient au contraire donner à penser, voire à prier.

Refus radical de l’idolâtrie

La conférence bien illustrée de Jean-Pierre Sternberger invitait à élargir et à approfondir la réflexion. Son analyse s’appuie sur un texte de Roland Barthes et s’enracine dans le texte biblique. Le fameux interdit « Tu ne feras pas d’images taillées » (Exode 20.4) n’est pas un appel à l’iconoclasme, mais au refus radical de l’idolâtrie : ce qui est proscrit, ce n’est pas de faire une image, mais de se prosterner devant elle et d’en faire une idole !

La nécessité de décrypter

Assurément, l’image est vectrice d’illusion — plusieurs exemples nous l’ont prouvé —, mais elle doit toujours être décryptée par celui qui la regarde. Il convient de traverser la représentation pour s’interroger non pas, sans doute, sur le message qu’a voulu faire passer l’auteur, mais surtout sur le référent qu’il évoque : devant certaines caricatures spécialement agressives, on doit toujours se demander si l’horreur est dans la représentation ou dans la chose représentée ! Bref, si la caricature, même la plus bêtement provocatrice, nous incite à une révolte contre ce qui est révoltant, qu’elle soit la bienvenue !

Michel BARLOW
Lyon-Terreaux

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