Bible et archéologie
C’est l’association cultuelle israélite de Roanne qui cette année a sollicité de nouveau Michaël Langlois après le succès de sa conférence l’année dernière. Maître de conférence à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg, il a donné une conférence fort suivie et appréciée sur « La Bible à la lumière de l’archéologie » le 29 mars dernier.
En introduction, Michaël Langlois rappelle que la Bible n’a pas été écrite dans le contexte d’aujourd’hui et que la connaissance archéologique est récente puisque cette discipline n’existe que depuis le XIXe siècle. La soirée débute par la découverte de la stèle d’Hammourabi en 1901-1902. L’analyse de la stèle permet de la dater en 1750 av. J.-C.. Hammourabi règne sur Babylone (Irak aujourd’hui) entre 1792 et 1750 av. J.-C. ; il établit un code juridique qui définit les sanctions qui s’appliqueront à l’égard de ceux qui contreviennent à la loi. Ce qui est extraordinaire, c’est que l’écriture biblique n’arrivera que cinq siècles après Hammourabi et les principes juridiques du code établi par Hammourabi sont repris littéralement dans la Bible et la loi de Moïse. Hammourabi a prétendu avoir été inspiré par les dieux qu’il vénérait et les Hébreux ont plaidé que ces principes juridiques étaient inspirés par le Dieu unique qu’ils adoraient.
Des législations semblables
Les fondements du système judiciaire révèlent plusieurs situations décrites avec les mêmes décisions. Un homme qui accuse sera puni s’il est prouvé que son accusation est infondée. Un homme condamné à trois ans de prison sera libéré la quatrième année tandis que chez les Hébreux, il purgera sa peine pendant sept ans et sera libéré la septième année. Les relations entre maîtres et esclaves sont définies de manière identique entre la loi d’Hammourabi et celle des Hébreux. Dans le conflit qui opposera Saraï et Agar, la descendance d’Abraham privilégiera Isaac aux dépens d’Ismaël. Cependant le maître doit partager ses biens avec ses descendants s’il les a reconnus. Saraï a contesté les droits d’Agar et a obtenu gain de cause. Agar et Ismaël seront chassés dans le désert…
Des textes en lien avec Ougarit
La découverte du site d’Ougarit (Syrie d’aujourd’hui) en 1929 révèle l’existence de cinq systèmes d’écritures différentes et huit langues. Le site est daté de 6500 av. J.-C.. Les Phéniciens qui occupaient ce site exerçaient des fonctions commerciales avec le monde égéen (relations commerciales au croisement des voies terrestres du Proche Orient et des voies maritimes de la Méditerranée). Ils utilisaient leur propre alphabet. Dans la Bible (Ésaïe 14.9), il est possible de faire le lien avec Ougarit. Des documents découverts à Ougarit font allusion à Daniel qui fut déporté en Babylonie et qui respectait la loi de Moïse. Il fut honoré par le roi, car il réalisa des prédictions extraordinaires. Le livre d’Ézéchiel (14.20) évoque trois hommes justes (Noé, Daniel et Job) qui ne subiront pas la colère de Dieu. Yahvé précise que leurs descendants échapperont à sa colère. Voici à nouveau une concordance avec des documents découverts à Ougarit.
En conclusion, Michaël Langlois précise que les nouvelles technologies permettent aujourd’hui des recoupements entre écrits apocryphes et la Bible telle que nous la connaissons.