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Marie Hélène Bonijoly

Aumônier des prisons, un travail d’écoute, un travail d’équipe

01 février 2018

Marie-Hélène Bonijoly se dévoue bénévolement à son poste d’aumônier des prisons. Un monde plein de surprises et de petits signes. C’est un véritable travail d’équipe qui s’effectue au-delà des différentes religions. C’est aussi l’écoute attentive des détenus qui porte sa mission.

Tout commence avec une photo publiée sur Facebook, sur la page de Marie-Hélène. Une crèche, en soit rien d’exceptionnel en ce temps de Noël ! Mais, derrière cette crèche se cache un cadeau d’une très grande valeur. Une ex-détenue de la Maison d’arrêt de Nîmes a offert ces sujets à l’aumônier, Marie-Hélène Bonijoly. Mais, l’histoire ne s’arrête pas là. Cette ancienne prisonnière est d’origine juive et n’avait jamais assisté à un culte. Cependant, comme elle était très habile de ses mains, Marie-Hélène lui apportait régulièrement des bouts de papier coloré pour qu’elle puisse réaliser de petites œuvres. Reconnaissante, elle lui a offert cette crèche. Voilà une bien belle histoire !

Marie-Hélène a une formation initiale en droit pénal. À la fin de son cursus, elle enseigne le droit dans les cycles de BTS auprès de la chambre de commerce et d’industrie de Nîmes. Elle s’engage dans différentes œuvres et mouvements protestants de Nîmes en particulier le conseil presbytéral dont elle a été présidente. Ces engagements la conduisent à occuper un poste particulier, l’aumônerie des prisons.

 

(DR)

Devenir aumônier des prisons

Lorsque Christine Delord, l’ancien aumônier prend sa retraite, Marie-Hélène est pressentie pour ce poste. Elle y trouve plusieurs intérêts, car il lui permet de réunir son engagement dans l’Église et sa passion pour le droit pénal et le droit des victimes. Elle a été pendant quelques années membre du conseil d’administration de la Société protestante des pauvres de Nîmes, plus connue sous le nom de château Silhol. Dans le cadre de cette association, elle a participé à des camps en Afrique pour aider à la réinsertion de jeunes primodélinquants.

Nîmes a de nombreux et différents aumôniers qui régulièrement témoignent lors des cultes de leurs activités. Elle décide de s’engager.

En 2012, Marie-Hélène est nommée aumônier de la Maison d’Arrêt de Nîmes et reçoit sa double nomination la fois de la Fédération protestante de France et de l’administration pénitentiaire.

Pour aborder ses nouvelles fonctions, le nouvel aumônier met toutes les chances de son côté et suit plusieurs formations. Tout d’abord une formation à l’écoute et l’accompagnement à la Faculté de théologie de Montpellier. Une formation destinée aux aumôniers des hôpitaux, mais qui lui a donné de solides bases. Elle a ensuite pris des cours au Collège clinique de la cause freudienne de Montpellier. Et c’est le grand saut. Sa première visite s’est faite avec l’aumônier régional des prisons, le pasteur Richard Dahan. Elle a aussi beaucoup compté sur le soutien de son homologue, le pasteur Jean-Louis Poujol du Centre Martin Luther King, de Nîmes.

 

La Maison d’Arrêt de Nîmes (© DR)

Dans les murs de la Maison d’Arrêt

La prise de fonction consiste principalement dans la remise des clés des cellules. Commence alors la prise de contact avec les détenus. Pour le quartier des femmes, cela est plus facile, il n’y a que vingt cellules. Marie-Hélène a pu les rencontrer rapidement. Ce sont surtout des femmes en demande d’affection qui sont coupées de leur famille et souvent de leurs enfants.

Pour les hommes, la prise de contact est différente. C’est souvent lors des cultes mensuels et par le bouche-à-oreille qu’elle peut les rencontrer. Les prisonniers sont plusieurs par cellules, lorsque l’un d’entre eux est intéressé par les activités de l’aumônerie, il entraîne avec lui ses codétenus. Les prisonniers ne sont pas toujours croyants ni chrétiens, mais ils sont en recherche d’une certaine spiritualité.

Pour rencontrer les détenus, il est possible de se rendre dans leur cellule, à leur invitation, ou de demander un bureau. Mais ce dernier lieu est impersonnel, bruyant et au regard de tous les autres prisonniers. Il est difficile de s’y recueillir. Paradoxalement, dans sa cellule, le prisonnier reçoit chez lui, dans un lieu qu’il a aménagé. Même s’ils s’en défendent, ils vous reçoivent, chez eux, vous proposant boisson et sucreries.

 

Crèche offerte par une ex-détenue juive (© DR)

Une porte ouverte dans un monde fermé

Lorsque l’aumônier est invité par un des détenus, les demandes sont très variables. Partager une lecture et une étude biblique, une prière, exprimer leur mal être en prison (n’oublions pas que c’est un lieu d’une extrême violence où les tensions sont particulièrement vives).

Mais ce sont aussi des expériences fortes. Lors du culte de Pâques, une chorale Gospel a accompagné le moment de culte. Les nombreux chants n’ont pas permis de célébrer la Cène. Avec sa collègue Catherine Bösiger de l’Armée du Salut, elles ont porté la communion dans les cellules. Un des prisonniers l’avait demandée. Son codétenu ne la voulait pas. Au fur et à mesure de la petite liturgie qu’elles avaient préparée, ce dernier s’est relevé de son lit et il a pleuré, il était dans une démarche de recherche.

Il faut dire aussi que les aumôniers viennent sans jugement. Marie-Hélène précise bien qu’elle vient à la rencontre d’une personne, pas d’un condamné. Elle se refuse à tout a priori.

Lors des cultes ou des rencontres, Marie-Hélène tient plus que tout à leur annoncer la Grâce que Dieu offre à chacun de nous, où que nous soyons. Elle tient particulièrement à leur faire comprendre que Dieu les attend toujours, tout le temps malgré les faiblesses et les détours.

Lorsque l’on pose à Marie-Hélène la question de la violence dans le milieu carcéral, elle répond qu’elle ne s’est jamais sentie en insécurité. Forcément, elle reste vigilante, certains prisonniers ont des troubles psychologiques et des réactions difficiles, mais elle avoue ne pas avoir le sentiment de peur.

Le moment qui est peut-être le moins agréable pour elle est la fermeture de la cellule. À la suite d’une visite, lorsqu’elle quitte le détenu, elle doit fermer à clé la cellule. Ce geste reste pour elle difficile à faire. Fermer la porte.

 

En savoir plus

Marie-Hélène Bonijoly est membre de la fondation du protestantisme et présidente du comité communication.

Marie-Hélène est membre de la Fondation du protestantisme (© DR)

 

Née du protestantisme et ancrée dans les valeurs de fraternité, d’intégrité et d’ouverture à son prochain, la Fondation du protestantisme représente aujourd’hui :

– 57 fondations individualisées de toute dimension

– 31 organismes agréés

– Une collecte 2016 de près de 4 millions d’euros de dons,

– 2 876 donateurs, dont 91 institutionnels

– Un patrimoine de plus de 80 millions d’euros

– 4 salariés au siège, épaulés par un bénévolat structuré, notamment au travers de comités spécialisés qui agissent en conseil et en suivi des opérations (comité des appels d’urgence, comité des finances, comité des immeubles, comité des projets – institutions et bénévoles, comité communication).

Nicolas BOUTIÉ,
journal Le Cep

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