Au nom du père
Certains l’ont trouvée caricaturale, avec ses pasteurs fous de père en fils. D’autres ont craint pour l’image des protestants. Et d’autres encore ont adoré !
Certains l’ont trouvée caricaturale, avec ses pasteurs fous de père en fils. D’autres ont craint pour l’image des protestants. Et d’autres encore ont adoré ! La série danoise Au nom du père, créée par l’auteur de la série Borgen, n’a pas laissé indifférent. Reconnaissons-lui de belles atmosphères visuelles, la connaissance d’une Église luthérienne en perte de vitesse et des acteurs remarquables.
Un père pasteur exerce un fort pouvoir sur ses deux fils, promis à le suivre ; l’un est devenu ministre du culte, tandis que l’autre a abandonné en cours de route, en opposition à la figure paternelle. Dans une multiplicité de registres pour chaque personnage, on s’approche d’ambivalences comme la sincérité et le mensonge, la foi déclarée et les reniements, la faiblesse et la volonté de puissance, l’engagement radical et la démence…
Fallait-il y chercher le descriptif documentaire d’une famille pastorale lambda ? Ou prétendre ranger dans la bonne case les démons de ce petit troupeau menacé d’égarement ? Le père, la mère, les deux fils, et d’autres autour d’eux, s’éclairent différemment selon les moments. Sous l’effet d’un coup de projecteur ou d’un rayon rasant, chacun fait vibrer son narcissisme ou sa bienveillance, sa peur ou ses certitudes… Tout bouge, sans cesse. Les corps traversent l’eau et le feu, les âmes rejoignent la terre ou l’esprit. Leurs contradictions se multiplient, mais, mine de rien, le film pose des exigences à la fois très morales et très ouvertes. Pendant les dix épisodes, il est possible d’interpréter les réactions de chacun comme relevant de la foi, ou pas.
Le Christ en croix, dans l’église, reste bien silencieux. La prédication est formelle, l’institution souvent décevante. Mais les cœurs parlent et parfois la prière surgit, authentique. Chacun poursuit une route accidentée où respect et solidarité, malgré tout, ne sont pas absents. Une famille pastorale, avec ses filiations charnelles et spirituelles, n’était-elle pas le lieu idéal pour donner de l’espace à une réflexion sensible sur ce que chacun vit de sa relation aux autres et/ou à Dieu ?
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Au nom du père (Ride Upon the Storm), une série TV d’Adam Price. Sortie DVD de la 1re saison : 26 novembre 2018.