Adieu Birkenau
Pour Ginette Kolinka, déportée à Auschwitz-Birkenau le 13 avril 1944, il ne fallait pas embêter les gens avec les vieux souvenirs du convoi 71 et la tragédie des camps. Elle n’en parla pas durant 50 ans, mais, à la mort de son mari dans les années 2000, elle osa témoigner.
Elle a grandi dans ces milieux qu’on appelle juifs athées, c’est-à-dire sans pratique religieuse mais dont la culture et l’identité juives ont été préservées. Aucun de ses souvenirs ou de ses remarques ne fait allusion à un dieu quelconque. Mais ses silences, son humour et sa pudeur entourent chaque évocation d’un tel contraste qu’on ne peut s’empêcher d’imaginer l’indicible de l’horreur. Son témoignage est d’une force exceptionnelle dans la bande dessinée qu’elle a accepté de superviser. Cet album bouleversant mis en images avec pudeur et puissance par Efa, Cesc et Roger aurait toute sa place dans l’enseignement scolaire, la catéchèse, voire des groupes de réflexion théologique.
Adieu Birkenau, Ginette Kolinka, Jean-David Morvan et Victor Matet, Albin Michel, 2023, 112 p., 21,90 €.