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Grands rassemblements

Que faire de l’aberration écolympique ?

29 février 2024

Partout des voix s’élèvent au nom de l’avenir pour fustiger les événements planétaires. Pourtant, l’humanité a besoin de temps forts pour se retrouver. Entre cohésion nécessaire et conséquences exorbitantes, comment situer la spiritualité ?

Churchill exécrait le sport. Il a pourtant voulu que les athlètes britanniques brillent aux jeux Olympiques, car le jeu n’a jamais eu la seule vertu de distraire. Lorsque les villages écossais s’affrontaient jadis par leurs champions, brutes gaéliques capables de balancer un tronc de 40 livres à une dizaine de mètres, la bestialité de l’effort permettait d’éviter des guerres fratricides. Les jeux antiques eux-mêmes offraient aux empires l’occasion de réunir les nations qui les composaient en un esprit commun.

 

Les JO, un projet devenu contestable ?

© BY-SA 2.0 

Un monde sans limite

Mais aujourd’hui les choses ont changé. Le sentiment de nation anime moins le citoyen, la mondialisation trouve de plus de plus de détracteurs, la Terre ne semble plus pouvoir supporter les progrès et les joutes humaines, l’Internet universel ramène chacun sur un écran. Au nom de l’individu et du droit à l’avenir, des citoyens se lèvent pour fustiger le coût exorbitant de ces grands rassemblements, qu’il s’agisse de leur impact, leur budget ou leur utilité sociale. Même les Églises subissent ces réactions lorsqu’elles organisent un Grand Kiff, ou des JMJ au loin. De jeunes paroissiens reprochent à leurs anciens ces pratiques nées d’un monde sans limite.

L’ère des grands rassemblements est-elle donc en déclin, comme les grands systèmes de pensée, la mondialisation ? Faudra-t-il, au nom de la préservation de l’espèce, prôner une sobriété de proximité ?

 

Quand Dieu cherche un dialogue

D’un côté il y a la joie de se retrouver et de se dépasser, l’occasion de rencontres où la spiritualité peut être présente. De l’autre on constate les tonnes de béton, les voyages en avion, la pauvreté rejetée loin des capitales. Faut-il donc arbitrer entre les deux, boycotter, valoriser lors des JO une sobriété de bon aloi ?

L’essentiel semble être ailleurs. Lorsque Dieu demande à Adam de dominer la terre, le terme veut dire « assujettir », donc invite à la comprendre en tant que sujet et non comme objet, la considérer comme partenaire. Lorsque Dieu s’adresse à Caïn en colère, il lui montre la capacité de maîtriser sa rage, l’expression évoquant aussi le fait de la traduire en mots, d’exprimer l’émotion pour qu’elle s’évacue. Dans les deux cas, il s’agit de réguler avec bonheur la tentation de toute-puissance humaine, devant la terre et devant les autres. Et cela se fait par la reconnaisse de l’autre et par la parole.

 

Vers une sobriété heureuse

Ce détour par des textes fondateurs ouvre une brèche dans l’impossible débat entre la force bienfaisante des jeux et les dégâts qu’ils causent, la joie des rencontres et l’excès de la fête. L’important ne serait-il pas de tenter de relier ces extrêmes par des paroles ? Solidarité, sobriété, humanité, agapè… autant de mots qui plantent des coins au cœur des impossibles et ouvrent une brèche vers l’espérance.

Peut-être les brutes gaéliques ne sont-elles plus au goût du jour, sans doute les conséquences des rassemblements mondiaux sont-elles disproportionnées. Entre les deux, un espace devrait enfin s’ouvrir pour valoriser cette sobriété heureuse que fondent la spiritualité des échanges et le goût de l’autre.

 

Paroles protestantes

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