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Retraite spirituelle

Vivre et témoigner de la Parole

01 mars 2017

Le véritable témoin désigne un Autre que lui-même : c'est l'un des messages forts reçus lors de la retraite du consistoire Côte d’Azur-Corse. Michel Bertrand y était invité sur le thème « Vivre et témoigner de la Parole : spiritualité et engagement ».

Les protestants sont souvent discrets sur leur expérience d’une rencontre personnelle avec le Christ. On peut évoquer des raisons historiques, le registre de l’intime et le message évangélique lui-même, qui invite parfois à la discrétion plutôt qu’aux manifestations ostentatoires. A contrario, nous sommes convaincus que la foi n’est pas transmissible par une adhésion à un dogme, à une institution : si elle est intransmissible, alors qu’un bien peut l’être par donation ou héritage, la foi ne peut advenir que si des témoins en parlent.

Celui « en qui » je crois
Michel Bertrand nous a permis de méditer pendant trois jours sur le témoignage, la tension entre la défiance par rapport à un message arrogant, dominateur et la nécessaire transmission – en particulier par la parole mais pas uniquement par la parole. N’en déplaise aux protestants que nous sommes !

Retraite à Roquefort-les-Pins, fin janvier
© Anne Raoux 

L’archétype du témoin est peut-être Jean le Baptiste qui précède et désigne un Autre que lui-même : Jésus le Christ. Les artistes ont bien traduit ce message dans l’iconographie religieuse, Jean désignant Jésus à son baptême ou, comme dans le retable d’Issenheim, pointant son doigt vers le crucifié. Témoigner de sa foi, ce n’est pas rechercher l’adhésion d’un autre à ce que l’on croit, mais à Celui en qui l’on croit. Ce message est en rupture totale avec les valeurs de nos contemporains : Celui en qui nous croyons est un supplicié.

Le « presque rien » à partager
Les grands témoins de l’Évangile nous intimident ? Michel Bertrand nous rassure à partir du récit de la multiplication des pains : les disciples n’ont presque rien, cinq pains et deux poissons, pour nourrir une grande foule. Mais ce « presque rien », Jésus nous enseigne que nous pouvons le partager. Elle est là, la mission du témoin, partager ce « presque rien » que nous possédons et que, peut-être, nous aimerions bien garder pour nous.

Autre obstacle au témoignage : la laïcité à la française ? Michel Bertrand n’élude pas la question du contexte dans lequel nous vivons. La loi de 1905 est trop souvent considérée, à tort, comme une loi antireligieuse. Elle garantit, au contraire, la liberté de l’exercice public des cultes, dans la limite du respect de l’ordre public. Mais la laïcité n’est pas une valeur à afficher sur les frontons de nos monuments ou sur nos bannières, elle n’est qu’un dispositif juridique, ce qui est déterminant.

Il y aurait encore tellement de richesses à transmettre sur l’enseignement de Michel Bertrand qu’un numéro entier de ce journal n’y suffirait (peut-être) pas !

Yves RAOUX
président du conseil presbytéral de Vence

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