Au fil des textes

Un autre regard sur Zachée

14 novembre 2019

L’histoire de Zachée le collecteur d’impôts (Luc 19.1-10) est toute en mouvement. Quel regard porter sur ce personnage qui paraît plein de contradictions ?

 

Jéricho est une ville carrefour où les droits de douane sont une source de revenus pour une partie de la population. C’est justement le collecteur en chef que nous avons ici. Zachée se distingue par sa petite taille et par une position sociale problématique. Collaborateur des Romains, on le considère comme un traître qui s’est enrichi sur le dos de ses frères juifs.

 

Zachée, un battant

Ce Jésus dont il a entendu parler pourrait-il l’aider ? Il veut tenter sa chance et l’inviter, mais comment ? Il y a tant de monde… Qu’à cela ne tienne, Zachée n’est pas du genre à se résigner, c’est un battant ! Il court en avant de la foule et monte sur un arbre. Il en fait beaucoup pour que Jésus le voie. Et ça marche !

C’est alors que Jésus reprend l’initiative : il le fait descendre et s’invite chez lui. Aussitôt Zachée l’accueille avec cette joie qui parcourt tout l’évangile selon Luc.

Zachée est un homme riche quand Jésus s’invite chez lui( © Pixabay)

 

Un voleur ?

Nous gardons en tête cette image d’un Zachée profiteur qui prend la décision de ne plus voler. Mais l’Évangile n’est jamais moralisateur et le texte grec autorise une autre lecture. Le temps des verbes peut désigner une action habituelle, une chose que Zachée aurait coutume de faire. Selon cette lecture, le changement n’intervient pas quand il dit qu’il va rendre au quadruple, mais quand il accueille Jésus.

Cela change complètement le sens de ce texte. Le salut de Zachée ne découle pas de ses bonnes résolutions, mais de sa rencontre avec Jésus. Sa petite taille et sa volonté inébranlable l’ont poussé à grimper sur un arbre comme il s’est élevé dans l’échelle sociale, mais c’est au moment où il redescend qu’il est rétabli dans son identité en tant que fils d’Abraham.

Il voulait devancer Jésus, mais c’est Jésus qui l’a précédé. Notre quête spirituelle est juste le signe que Dieu nous cherche déjà. La première épître de Jean nous le rappelle : « Nous aimons Dieu parce que lui, le premier, nous a aimés. » Et Blaise Pascal aussi quand il fait dire à Dieu : « Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais trouvé. »

Bernard Mourou
pasteur en Haute-Provence et responsable régional Théovie

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