Au-delà du label

Quelle conversion de l’Église ?

01 mai 2019

À Lezay, l’Église protestante unie s’est engagée, en février 2018, dans la démarche Église verte. Aujourd’hui, elle affiche le niveau « figuier » du label (4/5). Mais un an après le lancement, l’Église locale est-elle vraiment plus verte ?

Les murs et le toit du presbytère ont été isolés. Les nappes sont en tissu, les apéritifs servis dans des verres en verre. La viande et les légumes des repas d’Église proviennent en général des fermes et jardins alentour. En plein cœur du Poitou rural protestant, l’Église protestante unie de Lezay n’avait pas à rougir de ses pratiques en matière d’écologie. C’est donc sans réticence que le Conseil presbytéral a accepté la proposition du pasteur de s’engager dans le label Église verte. « On est tous convaincus que ça fait partie intégrante de ce qu’on attend de nous », explique Line Bonnet, membre du Conseil. Le Conseil a même adjoint la mention « et solidaire ». Pourquoi ? « L’écologie ne peut se comprendre véritablement que comme une écologie intégrale qui traite des relations entre l’humain et son milieu de vie, mais aussi des relations entre les humains », justifie Bertrand Marchand, le pasteur.

L'Église a participé avec le groupe localdes EEUdF
à la journée mondiale de nettoyage de la planète
World clean up day (©Elisabeth Marchand)

 

Trois engagements prioritaires

Afin de lancer la dynamique, le film En quête de sens a été projeté dans la salle de cinéma du bourg, suivi d’un débat qui a attiré un public plus large que l’Église, témoignant de la convergence entre la démarche Église verte et un mouvement de fond qui traverse la société en faveur d’une transition écologique et d’une plus grande justice sociale.

Un groupe de travail s’est ensuite mis à la tâche pour répondre à l’écodiagnostic proposé aux communautés. À l’issue de cette première étape, le Conseil presbytéral a déterminé trois engagements prioritaires à mettre en œuvre : prier au moins une fois par mois pour le respect de la création ; participer au moins une fois par an à des campagnes chrétiennes pour le développement durable (ex. : un carême pour la terre, journée du SEL…), encourager régulièrement ses membres à utiliser des aliments de production locale, biologique, respectueuse des animaux, et issus du commerce équitable.

Forte des résultats de l’éco-diagnostic et de ces engagements pris, l’Église de Lezay a rapidement grimpé dans les échelons du label en décrochant le « figuier ». L’exposition Église verte diffusée par la Fédération protestante de France a permis d’illustrer cet engagement. La fête de l’été de la paroisse, sur le thème d’Église verte, a compilé les différents engagements pris par les paroissiens, suivant l’exemple des jeunes du catéchisme.

 

Un élan à retrouver

Pourtant, au-delà de ce tableau exemplaire, des hésitations demeurent. L’idée de proposer un repas végétarien pour la fête d’Église s’est heurtée à un silence poli, suivi d’un « On est à la campagne ici, un repas végétarien, ça ne passe pas !… ». Une proposition trop exigeante sans doute au regard des habitudes bien ancrées des paroissiens.

Actuellement, le groupe peine à se réunir et à poursuivre la dynamique. « On se laisse facilement embarquer par autre chose et on s’éloigne des questions de sens, des questions spirituelles », confie le pasteur. L’écologie intégrale exige une capacité à se remettre en question et à interroger ses habitudes, à emprunter un chemin de conversion.

À Lezay, passé l’élan du lancement, l’Église verte et solidaire ne porte finalement que peu de fruits visibles. Le défi est de susciter des changements individuels en étant moteur en tant que communauté, comme l’explique Line Bonnet : « En Église, on peut poser des actes qui vont dans ce sens-là, même si les gens sont un peu frileux. » Un rôle prophétique en quelque sorte…

Élisabeth Marchand
Église de Lezay

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