Témoignage

Pas toujours facile !

01 septembre 2017

Il n'est pas toujours facile d'entraîner une communauté à changer ses habitudes et ses représentations. Surtout quand la représentation artistique vient bouleverser les représentations de soi que la communauté peut avoir…

Imaginez une ville ouvrière de l’Est de la France. Imaginez un protestantisme fortement soutenu par quelques familles industrielles. Imaginez que par un fabuleux concours de circonstances, la volonté du Second Empire de construire des édifices cultuels ait trouvé dans cette petite ville le soutien du maire de la commune et de l’industriel du coin. En quelques années, l’édification d’un nouveau temple a pu être réalisée. La commune avait mis à disposition le terrain. Le maire avait décrété par arrêté municipal que tout homme et tout cheval de la commune devait une journée de travail. L’industriel avait fourni les rebuts de sa fonderie pour remblayer le sol et bien sûr une part de sa fortune pour financer les travaux. Et voilà un magnifique édifice de 400 places avec de belles fenêtres en ogive.

Maintenant, imaginez, un siècle plus tard, dans les années 1980, un artiste local à la réputation grandissante : quelques dessins, des peintures, le plan de deux ou trois maisons, mais surtout quelques vitraux assez renommés dans les temples, les églises et les hôtels de ville des alentours. Imaginez cet artiste proposant à la paroisse de son enfance de dessiner des vitraux pour les douze fenêtres du temple, jusque-là en simple verre cathédrale. Le conseil presbytéral accepte. L’industriel local, descendant de celui qui avait financé la construction du temple, dit « oui » pour financer cette création. Quatre premiers vitraux en pavé de verre sont installés dans le chœur, illustrant des thèmes bibliques.

Enfin, imaginez la réaction des membres de cette Église… « Les vitraux, ça fait catholique ! » Alors, on en est resté là : l’industriel a retiré son soutien, les cartons des vitraux ont été archivés… et le temple conserve ses fenêtres en verre cathédrale !

Gérald MACHABERT
journal Réveil

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