Musique en Église – 3 –

Les cantiques dans la Bible

16 janvier 2021

Le peuple de la Bible est un peuple qui chante. Je voudrais en ce début d'année recenser les passages de la Bible qui sont considérés comme des cantiques. Ces textes seront repris pour être chantés dans la liturgie dès les débuts de ce qu'on a appelé le chant grégorien et par de nombreux compositeurs de musique « sacrée ».

Chantez au fil des textes

C'est d'abord, dans le livre de l'Exode au chapitre 15, le cantique de Moïse et des enfants d'Israël après le passage de la mer Rouge : « je chanterai à l'Éternel, car il a fait éclater sa gloire ». Marie la sœur d'Aaron, et toutes les femmes, accompagnent ce cantique avec des tambourins et en dansant.

Dans le Deutéronome au chapitre 32, un autre cantique de Moïse : « cieux ! prêtez l'oreille, et je parlerai. »

Dans le livre des Juges, au chapitre 5, le cantique de Débora : « Je chanterai, oui, je chanterai à l'Éternel. »

Au premier livre de Samuel, chapitre 2, le cantique d'Anne, la mère de Samuel : « mon cœur se réjouit en l'Éternel. »

Le cantique d'Ésaïe : « confiteor tibi domine » se trouve au chapitre 12 de son livre et demande aux habitants de Sion de pousser des cris de joie et d'allégresse.

Toujours au livre d'Ésaïe, chapitre 38, le cantique d'Ézéchias : « l'Éternel m'a sauvé ! Nous ferons résonner les cordes de nos instruments, tous les jours de notre vie. »

Dans le livre de Daniel, nous trouvons au chapitre trois le cantique des jeunes gens dans la fournaise, passage non retenu dans la traduction de Segond, mais que vous trouverez dans la TOB : « benedicite dominum ». Ce cantique a cappella fait opposition aux sonneries de trompette, chalumeau, guitare, sambuque, psaltérion, cornemuse et toutes sortes d'instruments de musique invitant à adorer la statue d'or.

Au livre d'Habacuc au chapitre 3 : « Éternel, j'ai entendu ce que tu as annoncé » (Domine, audivi auditionem tuam), prière du prophète, sur le mode des complaintes, au chef des chantres, avec instruments à cordes.

L’instrument de prédilection du roi David, la harpe (© Domaine pulic)

 

Chanter en psalmodiant

Dans le Nouveau testament, nous trouvons le magnificat, cantique de Marie après l'annonciation (Luc 1.46-56), le cantique de Zacharie (Luc 1.67-80), et le cantique de Siméon (Luc 2.29-32).

Le plus important est le recueil des psaumes. On trouve dans le premier livre des chroniques comment David établit l'institution des chantres et quels sont les instruments employés. Les incipit des psaumes donnent l'air sur lequel les chanter. On trouve dans les anciens manuscrits des signes de cantilation à partir desquels on a tenté des reconstitutions. S'ils n'étaient pas toujours chantés, ils étaient du moins psalmodiés, et on trouve encore des traditions orales qui perpétuent ce chant. On peut dater les plus anciens d'environ 460 avant J.-C. et s'émerveiller de ce que ces textes ont probablement été chantés sans interruption depuis cette époque.

Alors en ce début d'année, « Venez, chantons avec allégresse à l'Éternel ! Poussons des cris de joie vers le rocher de notre salut. » (Psaume 95)

 

J'allais oublier le cantique des cantiques, « le plus beau chant » dit la TOB, et j'ose penser qu'au fond, chanter et aimer, c'est peut-être la même chose…

 

 

En savoir plus

Pour aller plus loin

 

À écouter en lisant l’article

Voici un lien pour écouter le psaume 95 dans un essai de reconstitution présenté à l'université d'Oxford : https://youtu.be/HEfF8fr5stY

 

Un autre lien pour écouter des psaumes tels que les chantent les coptes : https://youtu.be/n3mBXJhxRoY

Olivier Papillon
musicologue

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