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La quêteuse

01 novembre 2017

Le saviez-vous ? Le sac en velours muni d’un manche permettant d’aller chercher l’offrande de chacun s’appelle une quêteuse. Cet ustensile est également utilisé par les prestidigitateurs qui réussissent à le transformer en une véritable corne d’abondance, mais disserter à ce sujet nous éloignerait du culte et pourrait nous fâcher avec quelques trésoriers pour lesquels l’argent tombe rarement du ciel. Car c’est d’offrande qu’il s’agit et non d’une illusion destinée à subjuguer les crédules que nous sommes et leur faire oublier la terre et ses réalités. Dimanche après dimanche, ce temps placé en plein cœur du mouvement du culte nous rappelle que l’Évangile vient lutter contre la puissance qu’est l’argent-Mammon, redoutable au point de lui faire prendre la place même de Dieu. Annoncée, située, priée, remerciée, l’offrande ouvre à la liberté, elle signifie que l’argent est fait pour circuler, irriguer, donner la vie. Qu’il est occasion de reconnaissance !

quêteuse (c) Nicolas Boutié

Et c’est là que la quêteuse me gêne. Alors qu’il s’agit d’offrande et de libération, j’éprouve le sentiment que l’on vient quêter mon argent, presque le mendier (j’exagère, je le sais). Certes, Dieu aime celui qui donne avec joie et peu importent la manière et le récipient. Mais je ne peux m’empêcher de penser au geste des cultes d’action de grâces vécus en Afrique subsaharienne. Bien loin d’être sollicitée assise, l’assemblée se lève et vient apporter son offrande. Le réceptacle n’est pas forcément d’une esthétique folle, mais le geste est là, signifiant sans ambages la joie, le partage et la communauté. Je ne peux m’empêcher de penser que nos frères et sœurs africains expriment bien mieux que nous le sens profond du don.

 

Éric TROCMÉ,
journal Parole protestante en Basse-Normandie

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