Cousins-cousines

L’Église d’Orient assyro-chaldéenne

01 septembre 2017

Notre Église est parfois localement en contact avec d’autres communautés chrétiennes peu ou mal connues. Cette série « Cousins-cousines » part à la découverte de ces frères et ces sœurs que nous croisons parfois en région Centre-Alpes-Rhône.

En 2015, l’humanité a commémoré le centenaire des génocides arménien et assyro-chaldéen perpétrés par la Turquie ottomane. On connaît les Arméniens, mais on connaît moins bien les Assyro-Chaldéens.

 

Ce peuple n’a jamais été à l’abri des persécutions séculaires qui prirent souvent une tournure dramatique. L’Église d’Orient, dite nestorienne, et l’Église syriaque d’Antioche, dite jacobite eurent à subir les persécutions et les avanies des Romains, des Perses, mais aussi des Byzantins, des Mongols, des Turcs et d’autres conquérants. D’ailleurs, les auteurs qui ont écrit sur les massacres de 1915 font souvent des parallèles avec les souffrances endurées par cette communauté durant les siècles passés.

Qui sont les Assyro-Chaldéens ?

Connus sous des vocables différents : Assyriens, Chaldéens, Syriaques, Nestoriens, Jacobites, Araméens, les Assyro-Chaldéens, de langue syriaque (ou araméenne) et fidèles de l’ancienne Église de l’Orient et de l’Église d’Antioche, si prospères autrefois sur l’ensemble du continent asiatique, ils ont connu à maintes reprises l’adversité du sort et les iniquités de l’histoire. Les différentes dénominations sont dues à des controverses et des divisions principalement religieuses, lesquelles remontent aux premiers siècles de l’ère chrétienne (les conciles d’Éphèse en 431, et de Chalcédoine en 451), mais qui n’ont plus lieu d’être.

Un riche patrimoine

Ces chrétiens ont des dogmes et des rites distincts, mais ethniquement ils disent appartenir au même fond mésopotamien. Ils ont produit une littérature importante dans maints domaines de la pensée à la fois religieuse et profane. Naguère, au 12e siècle, l’Église de l’Orient nestorienne s’étendait de la Méditerranée orientale jusqu’à Pékin et comptait environ 60 millions de fidèles. Aujourd’hui, l’Église d’Orient et l’Église syriaque orthodoxe ont toujours des fidèles au sud de l’Inde.

À partir du 16e siècle, les deux Églises mères : l’Église d’Orient et l’Église syriaque orthodoxe d’Antioche, ont connu des scissions internes qui engendrèrent des ruptures et donnèrent naissance à des Églises séparées, qui s’unirent à Rome.

Un peuple qui a marqué les lieux

Malgré l’oppression et les persécutions, cette nation autochtone a marqué fortement son territoire y compris par la toponymie des lieux et des signalétiques à caractère culturel, architectural et religieux. Cette terre est truffée d’Églises qui parlent araméen.

Mais, sous nos yeux, une nouvelle tragédie se déroule en Irak et en Syrie. Le choc est terrible sur tous les plans. Deux régions en particulier, celle de Ninive (province de Mossoul) et celle du Khabour (la Djéziré), en Syrie, ont été victimes d’attaques criminelles, d’enlèvements d’innocents et d’exil massif et forcé de milliers de personnes par les groupes terroristes djihadistes et takfiristes du prétendu État islamique. Des localités entières ont été pillées et vidées de leur population.

L’ironie du sort fait que ces Assyriens endeuillés du Khabour sont les enfants des déportés des massacres d’Irak de 1933, eux-mêmes des rescapés du génocide de 1915 sous l’Empire ottoman.

Sur les rives des fleuves bibliques : le Tigre, l’Euphrate et le Khabour, entre l’Irak et la Syrie, ces chrétiens ont écrit une page de l’histoire qui restera à jamais incrustée dans les annales.

 

Joseph YACOUB
Professeur honoraire de l’Université catholique de Lyon

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