Marseille

L’école privée protestante d’Endoume

01 novembre 2016

Comme l’école protestante Marie Durand à Nîmes, cette école privée a survécu à la vague de communalisation, provoquée par les lois Jules Ferry, que les écoles protestantes avaient volontiers suivies. Suivant les aléas de l’histoire, tenue à bout de bras pendant la dernière guerre, elle est depuis longtemps liée à la paroisse réformée de Grignan. Une école qui n’a rien d’un « fossile historique » : pour preuve, la gardienne qui n’hésite pas à sauter à la corde avec les enfants attendant leurs parents !

Une petite rue qui monte au cœur d’un ancien quartier de pêcheurs. Une porte étroite entre l’ancien temple et le mur de la cour de l’école. À partir de 16 h 30, c’est à cette porte que les parents viennent chercher leur enfant. S’ils ont plus d’une heure de retard (18 h est l’ultime limite), ils ont une pénalité symbolique d’un euro ! Mais tous ont le droit d’entrer dans la cour pour discuter avec le personnel – ce qui est impossible dans le public. Il règne dans cette école une atmosphère familiale, favorisée par son aspect de grande maison claire et accueillante.

 

Le « plus » du privé

Les 104 élèves actuels – leur nombre croît régulièrement – suivent le même programme que dans l’enseignement public. S’y s’ajoutent, même en maternelle, deux heures d’anglais et une heure de théâtre par semaine, et une heure d’éveil biblique tous les quinze jours. En fin d’année, chaque classe présente son spectacle de théâtre. Le comédien qui les fait travailler depuis 1996 vient de la Compagnie l’Informel. Son but est que chaque élève, surtout les plus en difficulté, progresse dans l’expression orale et prenne confiance en soi. Et ça marche. L’éveil biblique est assuré par une paroissienne de Marseille-Grignan qui est aussi musicienne et utilise beaucoup le chant.

Tous les deux ans, l’école part en classe verte à Méjannes-le-Clap (Gard) : spéléo, escalade, VTT, canoë... Tout ce qui ne peut se pratiquer à Endoume !

 

Le « plus » de l’Évangile

Les élèves viennent en majorité du quartier et seuls quelques-uns sont protestants. Il n’est d’ailleurs posé aucune question aux parents sur leurs convictions. Ils s’engagent simplement par écrit à adhérer au projet éducatif, qui précise « comment vivre au quotidien les valeurs évangéliques » et se fonde sur « l’Évangile de Jésus-Christ : “Aime ton prochain comme toi-même”.

Pour les enfants, ces valeurs sont traduites en terme de respect de soi (son corps, goût de l’effort, respect de l’engagement, plaisir du service rendu...) ; de respect de l’autre (politesse, honnêteté, générosité, acceptation de la différence, solidarité, respect du corps de l’autre, responsabilité de ses actes, de ses gestes, sens du pardon) ; de respect de l’environnement (préservation de la nature et des ressources indispensables à la vie, mais aussi des lieux de vie et du matériel).

Quant aux adultes, ils s’engagent au témoignage par la qualité de relation entre eux, l’accueil et l’écoute de chacun ; à autoriser la découverte de la Bible en relation avec l’Église protestante unie de France et la célébration lors des temps forts de l’année liturgique. Le pasteur de Grignan, aumônier de l’école, vient y célébrer un culte à la rentrée, à Noël et à Pâques.

L’école est connue par le bouche-à-oreille et attire pour son côté convivial, proche des familles. Presque tous les élèves restent à la cantine. Les repas sont préparés par une cuisinière aidée par “l’homme à tout faire”. Mais pas de miracle : ici non plus, les enfants n’aiment pas trop les légumes !

 

Liens forts avec les catholiques

Laurence Sumian est directrice de l’école depuis 2000. Arrivée juste après le passage du contrat simple au contrat d’association avec l’État, signé en 1999, elle en garde le souvenir d’un grand isolement, n’ayant aucun réseau sur lequel s’appuyer. C’est quand l’école s’est affiliée à la Direction diocésaine de l’enseignement catholique qu’elle a pu enfin faire face aux difficiles questions de formation, de passerelle entre école primaire et collège, de mise aux diverses normes de sécurité... L’Union phocéenne des organismes de gestion de l’enseignement catholique s’occupe de la comptabilité. Et la plupart des professeurs travaillant dans le privé sous contrat sont formés à l’Institut supérieur de formation de l’enseignement catholique. Souvent seule protestante dans les diverses réunions diocésaines, Laurence Sumian s’y sent très fraternellement accueillie.

 

L’histoire commence en 1882

L’école protestante d’Endoume est née de la rencontre entre un jeune pasteur et une paroissienne. Édouard Sautter se sent interpellé par une salle d’asile vivant de la charité publique dans ce quartier de pêcheur. Madame Cosme lui propose une villa de deux étages avec grand jardin, pour y accueillir et instruire des petites filles protestantes. En 1890, cette école reçoit aussi des enfants catholiques. Une association loi 1901 des Œuvres protestantes d’Endoume devra être créée pour superviser les classes, la cantine et un patronage ouvert aussi aux garçons. En 1921, elle achète les locaux. En 1924, un temple est construit sur le terrain de l’école qui deviendra un ensemble paroissial important. La crise que traverse l’enseignement privé en 1982 détermine la création de l’actuel Organisme de gestion de l’école protestante d’Endoume, et en 1993, l’Entraide protestante de Marseille devient propriétaire des lieux.


École protestante d’Endoume
29 av. David Dellepiane
Marseille 7e
ecoleprotestante@yahoo.fr

Doris ZIEGLER

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